Interpellés la veille de la fête de l'Aïd, le P/APC RND d'El-Kerma, le secrétaire général, des élus de la même municipalité, ainsi que des hommes d'affaires ont été auditionnés et placés en garde à vue avant d'être présentés, samedi, devant la procureur de la République près le tribunal d'Arzew. Sur la vingtaine de personnes entendues en tant que suspects ou témoins, dix ont été écrouées par le magistrat pour les griefs de passation de marchés contraires à la législation, faux et usage de faux et attribution irrégulière d'assiettes foncières. Il importe de souligner ici que le P/APC d'El-Kerma avait déjà été condamné à une peine de prison ferme en 2010 pour faux et usage de faux et, on ne sait, par quel subterfuge, il avait réussi à se représenter aux élections locales de 2017, toujours sous la bannière du RND, et à reprendre le siège de P/APC qu'il avait déjà occupé à l'occasion de deux mandatures (1997-2002 et 2007-2012). Par ailleurs, le 9 mai dernier, le P/APC FLN de Bir El-Djir, son premier vice-président, son secrétaire général, ainsi qu'un entrepreneur ont été écroués par le même tribunal d'Arzew pour divers chefs d'inculpation dont association de malfaiteurs, faux et usage de faux et passation de marchés contraires à la réglementation. À noter que depuis plusieurs semaines les services de sécurité et la justice s'intéressent de très près à la gestion de nombreuses APC de la wilaya d'Oran. Selon une source digne de foi, une vingtaine d'APC — sur les 29 que compte la wilaya — font l'objet d'enquêtes sur des dossiers de corruption, impliquant des élus mais aussi des entrepreneurs et des hommes d'affaires, ainsi que sur des cas de malversations présumées dans l'attribution de marchés publics, de projets d'investissement ou encore pour détournement d'assiettes foncières. Pour le moment, seules les APC d'El-Kerma et de Bir El-Djir sont "officiellement" touchées, avec l'arrestation et la mise sous mandat de dépôt de leurs présidents respectifs et d'un certain nombre de responsables et d'élus. Il reste que l'absence de communication officielle du parquet d'Oran, qui observe le mutisme sur des dossiers d'intérêt public, ouvre la voie aux rumeurs les plus folles sur l'ampleur des préjudices financiers et l'implication de personnalités politiques, d'hommes d'affaires connus et de leurs proches.