La Commission algérienne de régulation de l'électricité et du gaz (Creg) a procédé, hier, à l'ouverture des plis de l'appel d'offres relatif à la réalisation du projet des 150 MW en photovoltaïque. Prévue initialement pour le 28 mai dernier puis reportée, l'ouverture de plis, qui s'est déroulée en séance publique à l'Institut de formation en électricité et gaz (Ifeg) de Ben Aknoun, a concerné 7 lots situés dans le sud du pays, à savoir Ghardaïa (50 MW), Biskra (50 MW), Ouargla (20 MW) et El-Oued (30 MW). Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'appel d'offres, lancé le 18 novembre 2018, n'a pas drainé grand monde. Sur 93 candidats qui ont retiré le cahier des charges, seuls 8 ont présenté des offres. Les lots 3 et 6 de la région d'El-Oued n'ont reçu aucune offre. Toujours à El-Oued, le lot 7 a enregistré une seule offre, déclarée irrecevable, puisque le soumissionnaire (Sarl Al-Michkat) n'a pas été en mesure de joindre à son dossier la caution bancaire avant la clôture de la séance. Deux autres lots n'ont eu au final qu'une seule offre. Il s'agit du lot 1 de la région de Ghardaïa et du lot 5 dans la région d'Ouargla. Le deuxième lot de la région d'Ouargla (lot 4) s'est aussi retrouvé avec une seule offre (Sarl TRBHO frère Zergoune) après le rejet de l'offre du second soumissionnaire (Iris/JC Industrial), pour absence de l'original de la caution bancaire dans le dossier. Au final, seul le lot 2 de la région de Biskra a reçu 3 offres. Mais là aussi, l'offre de Thales Maintenance a été rejetée, toujours pour défaut de caution bancaire dans le dossier, laissant ainsi le terrain à l'Eurl Melec/Matelec/Ib Vogt et à Condor/ Sewedy Electric. En résumé, sur les 150 MW mis aux enchères, 30 MW n'ont pas trouvé preneur. Et les 120 MW ayant reçu des offres n'ont pas pour le moment été attribués. En effet, la commission va avoir quatre mois au maximum pour étudier les offres et procéder à l'attribution. Et la partie n'est pas encore gagnée puisque les 3 lots, qui n'ont reçu d'une seule offre, pourraient être déclarés infructueuses. L'article 41 du décret exécutif n°17-98 du 26 février 2017 définissant la procédure d'appel d'offres pour la production des énergies renouvelables précise que "l'appel d'offres aux enchères est déclaré infructueux dans les cas suivants : lorsqu'il n'a fait l'objet d'aucune soumission ; lorsqu'une seule soumission est jugée conforme ; lorsque les prix de cession du kWh, issus de l'appel d'offres aux enchères sont jugés excessifs par la commission de régulation de l'électricité et du gaz". Si l'on se réfère à cet article du décret n°17-98, les lots 4 et 5 de la région d'Ouargla et le lot 1 de la région de Ghardaïa sont infructueux. Et même le lot 2 de la région de Biskra risque d'être infructueux si les prix de cession du kWh sont jugés excessifs. Cet appel d'offre, destiné particulièrement aux investisseurs nationaux, devait, en théorie, être plus simple à gérer puisqu'il s'agit de financements nationaux. Mais force est de constater que cette première expérience de la Creg en la matière n'a pas été fructueuse. L'Algérie espère construire des centrales solaires capables de produire 22 000 mégawatts (MW), soit 27% de ses besoins en électricité, d'ici à 2030. Cet appel d'offres devait constituer la rampe de lancement du grand projet des renouvelables. Mais au rythme où vont les choses, la machine semble grippée.