Les acteurs de la société civile de la wilaya de Béjaïa ont décliné, hier, dans une conférence de presse, leur charte des droits et des libertés. Les acteurs, qui regroupent les représentants de plusieurs partis, organisations socioprofessionnelles, syndicats autonomes, cafés littéraires…, ont, d'emblée, indiqué qu'ils ne s'autoproclament pas représentants du mouvement, mais l'accompagnent "quoiqu'une bonne partie d'entre nous n'ait pas attendu l'insurrection, enclenchée depuis le 16 février à Kherrata et le 22 du même mois à l'échelle nationale", a tenu à préciser Karim Boudjioua, l'un des animateurs du groupe. Etaient présents à cette conférence, le Comité de solidarité avec les travailleurs de la wilaya de Béjaïa (CSTWB), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), le Cnapest, l'Unpef, le Cela, le Satef, la SNT postiers, la SNTFP, la SNTE, le Snapap, le Rassemblement actions jeunesse (RAJ), le Café littéraire de Béjaïa (CLB), le Parti des travailleurs (PT) et Jil Jadid. Lors de son intervention, Rabah Rezki, ancien militant du MDS, a tenu à rappeler que "le front ouvrier a été créé au niveau du CDDH en janvier 2019, et ce, bien avant le début du mouvement insurrectionnel. Et on voulait aussi l'élargir à l'échelle de la wilaya d'abord et à l'échelle nationale ensuite". C'est le cas aussi avec le présent rassemblement des acteurs de la société civile. Il demeurera, selon ses membres, ouvert aux personnalités et aux organisations pour peu que celles-ci signent "la présente charte des droits et des libertés". Laquelle charte a pour but, a indiqué Kader Sadji du Café littéraire de Béjaïa, "la consécration des standards démocratiques, indispensables à l'édification d'un Etat social", qui va parachever "l'Etat de droit" auquel aspire le peuple algérien. Dans leur vision, il faudra consacrer la séparation des pouvoirs : Exécutif, législatif et judiciaire ; séparer la religion de la politique. "On ne doit pas mêler le sacré à la vie publique", insistera Kader Sadji. Les acteurs de la société civile font leur l'un des principes du Congrès de la Soummam, à savoir "la primauté du politique sur le militaire" et appellent de leurs vœux un Etat civil où les libertés démocratiques seront garanties. Rachid Bedjaoui du Parti des travailleurs a expliqué que "l'on ne peut aller vers une transition sans la libération, immédiate et inconditionnelle des détenus d'opinion et sans que le commandement militaire prenne des mesures d'apaisement". Hocine Boumedjane du CDDH a déploré, quant à lui, qu'en dépit du caractère pacifique du mouvement, "le pouvoir continue à tergiverser et à user de méthodes répressives à l'encontre des manifestants et ajoute du flou en organisant des procès médiatiques pour amuser la galerie". Seule l'élection d'une Assemblée constituante, estiment-ils, est à même de garantir la pérennité du mouvement populaire et solidaire.