L'opposition soudanaise avait lancé un mouvement de désobéissance civile qui a déstabilisé les militaires au pouvoir. Réagissant aux dernières annonces du Conseil militaire de transition quant à la formation du prochain gouvernement avec les partis al-Oumma et l'Ittihad, ex-alliés du dictateur déchu Omar Al-Bachir, l'opposition soudanaise a décidé de nouvelles actions, dont la plus importante est la reprise des manifestations de rue à partir d'aujourd'hui. Les forces de la liberté et du changement ont indiqué, dans un communiqué rapporté hier par le média soudanais Rakoba News, qu'elles ont élaboré un agenda d'actions pour mettre la pression sur le Conseil militaire de transition. La principale décision est la reprise des manifestations nocturnes dès ce soir dans la capitale et d'autres villes du pays. La préparation de ces manifestations devait se faire hier lors de réunions des comités de quartiers des villes et des actions de sensibilisation de la population pour poursuivre la lutte jusqu'à l'instauration d'un Etat civil. L'Association des professionnels soudanais organisera des regroupements de contestation à Khartoum et dans les villes des autres gouvernorats du Soudan pour dénoncer la dispersion sanglante du sit-in de manifestants devant le quartier général de l'armée dans la capitale soudanaise. Les manifestants sont appelés à arborer des brassards bleus dans le cadre de l'initiative internationale "vague bleue" de soutien au peuple soudanais. De leur côté, les représentants des professeurs des universités, facultés et instituts du Soudan ont remis leur initiative de sortie de crise au général Mohamed Hamdan Daglo dit "Hemeidti", numéro deux du Conseil militaire de transition (CMT) au pouvoir. Selon le média "al-Saiha", le Dr Najm al-Bachari, a indiqué lors d'un point de presse à l'issue de l'audience que cette initiative est inspirée "des aspirations du peuple soudanais et basée sur idées précises, dont la principale est la sécurité du Soudan et sa stabilité". Il a souligné que l'objectif de l'initiative est de "trouver des solutions aux problèmes économiques, politiques, sociaux et la réforme de l'Etat". Par ailleurs, le général Mohamed Hamdan Daglo a promis dimanche soir la pendaison aux auteurs de la dispersion du sit-in du 3 juin à Khartoum, ayant fait plus 120 morts parmi les manifestants. "Nous travaillons dur pour envoyer à la pendaison ceux qui ont fait ça", a-t-il lancé lors d'une allocution retransmise à la télévision publique, tout en pointant du doigt "toute personne qui a commis une erreur ou un abus (...)". Et pourtant c'est lui qui est le premier responsable des Forces de soutien rapide (RSF), une paramilitaire accusée par les chefs de la contestation et des ONG d'être à l'origine de la dispersion dudit sit-in devant le QG de l'armée et de la répression qui en a suivi.