Des centaines d'étudiants de l'université Akli Mohand-Oulhadj de Bouira se sont rassemblés dans l'enceinte du campus, dans le cadre du 17e acte de la révolte estudiantine contre le système en place et ses symboles. Hier donc, et pour cause d'examens du second semestre dans la plupart des départements, le Collectif des étudiants libres de Bouira a opté pour un rassemblement au lieu de la traditionnelle marche, dans le but de ne pas pénaliser leurs camarades qui passaient leurs examens. Le discours prononcé avant-hier par le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, et dans lequel il avait fortement insisté sur la tenue de l'élection présidentielle "dans les plus brefs délais" comme solution de sortie de crise, a été fortement critiqué par les étudiants. Pour ces derniers, aucune échéance électorale ne peut se tenir avec les "résidus" du système. "Ceux qui disent que nous sommes contre Gaïd Salah se trompent, nous n'avons rien contre lui, ni contre l'institution qu'il dirige. Nous nous opposons à sa vision, car nous estimons qu'elle va à l'encontre des aspirations du peuple et sa principale revendication : le départ de tout le système", affirment les protestataires. Ils rejettent ainsi la solution qu'il préconise et qu'il rappelle pratiquement dans tous ses discours, alors que la rue la dénonce chaque semaine. D'autres ont déploré la "surdité" et la "cécité" de ce même pouvoir quant aux revendications populaires. "Nous sommes à notre 17e semaine de manifestation, quasiment trois mois après le début de la révolution, et ce système s'entête encore et toujours à aller vers des élections que tout un peuple rejette", déplore une jeune étudiante qui brandit une pancarte sur laquelle il était inscrit : "Oui à la transition, non aux élections de la honte." Pour les étudiants de Bouira, les élections suivant la feuille de route proposée par le pouvoir en place n'ont aucun sens, selon leurs dires, puisque, d'après eux, la sortie de crise ne peut venir des gens qui ont contribué à maintenir le système et à le pérenniser. Surtout qu'ils sont à l'origine de la crise que traverse le pays. Durant leur sit-in, les manifestants n'ont eu de cesse de scander des slogans hostiles au pouvoir en place : "Bedoui dégage", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime" ou encore le traditionnel "Pouvoir assassin".