Pour le 13e acte des marches des étudiants contre le système, ceux de l'université Akli Mohend-Oulhadj de Bouira n'ont pas dérogé à la règle en se mobilisant en masse hier. Pour ce mardi, le mouvement estudiantin s'en est ouvertement pris au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier a été littéralement conspué par les manifestants qui l'ont qualifié de chef de bande. "Gaïd Salah, raïs el-îssaba" ou "Sorry Gaïd Salah, echaâb machi djayeh" (Désolé Gaïd Salah, le peuple n'est pas naïf), ou encore "Monsieur Gaïd, attention, le peuple n'acceptera jamais une dictature militaire". En effet, c'est vers 11h30 que le premier carré de marcheurs s'est ébranlé de l'université centrale. Selon Syphax Aberkane, membre du collectif autonome des étudiants libres de Bouira, l'élection que compte organiser le pouvoir n'a aucun sens. "Le dernier message du chef d'état-major nous a confortés dans notre position et dans nos convictions, à savoir que Gaïd Salah n'est pas avec le peuple", a-t-il affirmé, tout en brandissant une pancarte où il y avait écrit : "L'Algérie n'est pas l'Egypte". D'autres étudiants, moins tranchants, se sont dit "déçus", voire "trahis", par le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). "On espérait énormément de Gaïd Salah, mais, visiblement, il est du côté de la îssaba qu'il a lui-même dénoncée", regrette Celia, une jeune étudiante en sociologie. Vers 12h30, et dans une ambiance bon enfant, le cortège marquera une première halte devant le siège de la wilaya, où des slogans hostiles au wali ainsi qu'au P/APW ont été scandés. Lors d'un second arrêt devant l'espace de la maison de la culture AliZamoum de Bouira, la foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale et de ceux du Printemps noir, avant de se disperser dans le calme. Dans la même matinée, les avocats ont organisé un rassemblement devant la cour de justice, et ce, en réponse au mot d'ordre de l'Union nationale de l'ordre des avocats (Unoa). En effet, ce sont plusieurs dizaines de robes noires qui se sont regroupées à l'intérieur de la cour de justice, munies de pancartes où on pouvait lire notamment : "L'organisation des avocats de Bouira pour une solution politique", "La défense, la voix du peuple", "L'avocat, défenseur des libertés". Ainsi, les représentants de la défense ont, une nouvelle fois, appelé le gouvernement Bedoui à démissionner. "Nous réitérons notre engagement en faveur du peuple et de ses revendications, et nous demandons à M. Bedoui ainsi qu'aux membres de son gouvernement illégitime de démissionner", a souligné la bâtonnière de Bouira, Mme Sidhoum. D'autres avocats ont commenté la dernière sortie médiatique d'Ahmed Gaïd Salah, en se disant "désespérés" par son attitude. RAMDANE BOURAHLA