La mobilisation citoyenne contre le pouvoir en place a marqué, hier, une relative pause à Bouira. Ils étaient en effet un peu plus de 50 000 manifestants (soit la moitié des marcheurs par rapport à vendredi dernier) à battre le pavé pour exiger le départ du système. Faut-il y voir un signe de démobilisation ? À cette question, la plupart des observateurs de la scène politique locale répondent par la négative et affirment que c'est un "répit conjoncturel". "La révolte populaire se poursuivra durant le mois de Ramadhan et les gens s'y préparent. Aujourd'hui (hier, ndlr) et même si la mobilisation a quelque peu faibli à cause des préparatifs du mois sacré, elle demeure importante", a souligné Amine, un des organisateurs des marches du vendredi à l'échelle locale. Autre facteur qui pourrait expliquer ce léger recul des masses, celui relatif à la mise en place d'un "point de chute" des marcheurs à l'ex-cité Evolutive. Une initiative qui n'est pas du goût des familles de Bouira, habituées à marcher sans "bride" et dont la culture des rassemblements n'est pas enracinée, comme c'est le cas à Bordj Bou-Arréridj. Concernant les slogans d'hier, ils étaient hostiles au général de corps d'armée, chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah. Ainsi, "Sorry Gaïd Salah, El-Chaâb machi djayeh" (désolé Gaïd Salah, le peuple n'est pas naïf), ou encore "El-Gaïd on veut du concret", ou bien "Le pays n'est pas une caserne" ont été brandis par les marcheurs. "Gaïd Salah souffle le chaud et le froid à travers ses messages du mardi et du mercredi. Tantôt, il dit être avec le peuple et ses revendications, tantôt, il plaide pour la tenue de l'élection comme prévu. Or, il sait très bien que les citoyens exigent le départ de tout le système", dira Outafat Youcef, syndicaliste affilié au Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes). Notre interlocuteur brandissait une pancarte avec un message on ne peut plus clair : "Non mon général, votre feuille de route ne correspond pas à celle du peuple. Vous, vous voulez sauver la mafia, et le peuple veut sauver l'Algérie que la mafia ruine : Yetnehaw gaâ" (ils partiront tous !). Les manifestants ont tout au long de leur procession, qui les a conduits vers le siège de la wilaya, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : "Bedoui dégage", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime", ou encore les traditionnels "Pouvoir assassin" et "Ulac smah ulac !". RAMDANE BOURAHLA