Les étudiants maintiennent intacte leur mobilisation et continuent de faire pression sur le pouvoir. Ils ont aussi mis à jour leurs slogans en les adaptant à l'évolution de la situation. Depuis le début de la révolution du 22 février, les étudiants étaient, une nouvelle fois, au rendez-vous hier à Alger pour le 17e acte de la manifestation. En effet, ils étaient des milliers à investir la rue, et ce, malgré le déploiement d'un impressionnant dispositif de police. À l'occasion, les étudiants, auxquels se sont mêlés de nombreux citoyens, ont notamment donné la réponse au dernier discours du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui a insisté, encore une fois, sur l'élection présidentielle, qu'ils rejettent catégoriquement. "Pas d'élection avec la maffia !", "On ne peut pas vous faire confiance pour vous avoir vus à l'œuvre vingt ans durant", "Vos discours se succèdent et se ressemblent, mais cela ne nous décourage guère de poursuivre notre combat jusqu'à ce que vous partiez tous", "Nous ne ferons aucune concession sans votre départ à tous" sont autant de messages adressés, une fois de plus, par les jeunes universitaires aux tenants du pouvoir, à leur tête Gaïd Salah, qu'ils appellent à se limiter à ses missions de chef de l'armée et à cesser de se comporter comme un chef d'Etat. "Gaïd, vous n'êtes qu'un employé de notre armée dont le rôle est de veiller sur la sécurité du pays. Le peuple ne vous a pas mandaté pour gouverner", ont rappelé les étudiants au chef d'état-major qui incarne le pouvoir depuis la chute du président Bouteflika. La série d'arrestations de responsables politiques, aussi coupables soient-ils, ayant exercé sous le règne de Bouteflika, qui se poursuit encore à un rythme spectaculaire, ne convainc pas non plus les étudiants, les qualifiant, au mieux, de "règlements de comptes" entre les clans du pouvoir. "Les arrestations de responsables politiques et/ou de certains hommes d'affaires, même s'ils sont coupables, cela ne change rien pour nous tant que le système est toujours en place. Et le peuple ne demande pas le jugement des représentants du pouvoir mais plutôt leur départ", a commenté un étudiant.Et ses camarades de reprendre, en chœur, le slogan-tube de la révolution du sourire : "Yetnahaw gaâ !" (Qu'ils s'en aillent tous). La 17e marche des étudiants, qui s'est ébranlée vers 10h cette fois-ci depuis la place des Martyrs, a duré toute la matinée. Elle a pris fin avec un imposant rassemblement sur l'esplanade de la Grande-Poste. Cette manifestation, qui a coïncidé avec les examens du baccalauréat, a été, par ailleurs, marquée par les passages "silencieux" de la foule devant les centres d'examen. Un comportement d'un civisme exemplaire applaudi par les passants. Pour la même cause, les étudiants ont même écourté leur manifestation pour ne pas perturber les lycéens, dont un nombre important avait souvent pris part aux précédentes marches.