"Banni soit le maffieux système, béni soit le fameux peuple." C'est l'un des nouveaux slogans sortis à cette occasion par le génie estudiantin. Même en période de vacances, les étudiants n'abandonnent pas la révolution contre le système. Ils étaient, hier encore, des centaines à investir les rues de la capitale, pour le cinquième mardi consécutif. Issus essentiellement des différentes universités d'Alger, les étudiants, filles et garçons, étaient, cette fois-ci, accompagnés dans leur marche par des citoyens de tous bords, alors qu'un imposant rassemblement d'ingénieurs en génie civil, d'anciens moudjahidine et de fils de chouhada a été parallèlement tenu à l'esplanade de la Grande-Poste. L'objectif des deux manifestations reste le même : celui de "dégager le système". Et les slogans, à quelques nuances près, sont similaires. "Système dégage", "Le pouvoir en place n'est ni réformable ni recyclable", "Pouvoir fossile" ou encore "Tetnahaw gaâ" (vous allez tous être enlevés) sont autant de slogans hostiles au pouvoir incarné, 20 ans durant, par Abdelaziz Bouteflika scandés, en chœur, par les manifestants et/ou portés sur des banderoles et autres pancartes. La jeunesse estudiantine, qui, semble-t-il, est plus que jamais réconciliée avec la politique, a fait montre d'une maturité exemplaire. "De Gaulle, garde tes enfants, ce pays ne vous appartient plus", allusion à l'influence de l'ancien pays colonisateur, la France. "Banni soit le maffieux système, béni soit le fameux peuple", ou encore "Vous allez tous être jetés à la poubelle de l'histoire" sont parmi les nouveaux slogans à grande portée politique sortis à cette occasion par le génie estudiantin. Parfaitement organisée, sous le regard des policiers, la marche des étudiants s'est déroulée sur l'itinéraire habituel, entre le tunnel des la Facultés et la Grande-Poste, ainsi que sur l'avenue Pasteur. Au vacarme des vuvuzellas ayant quelque peu marqué la grande marche populaire de vendredi dernier, les étudiants, eux, ont opté pour un défilé de mode où des tenues traditionnelles des quatre coins du pays ont été exhibées. Une belle manière de mettre en évidence la diversité du pays qui devait faire sa force, mais sur laquelle le système a joué pour semer la division pour... mieux régner. La marche des étudiants, bien qu'imposante, n'a pas perturbé, outre mesure, l'activité commerciale, ni la circulation routière. Partageant le même combat contre le système, les automobilistes ont contribué au succès de l'action à coups de klaxon lors de cette énième manifestation qui aura duré jusqu'en fin d'après-midi. Stationné sur le parvis de la Grande-Poste, même le camion de don du sang appartenant au CHU Mustapha-Pacha a profité de la générosité des étudiants qui ont été nombreux à faire don de leur sang. Tombé dans la foulée de cette manifestation, le message de Gaïd Salah annonçant l'application de l'article 102 de la Constitution portant sur la destitution du Président pour incapacité d'assumer ses missions n'a pas provoqué de réactions parmi la foule, qui se dispersera dans le calme comme à chaque fois depuis le 22 février dernier. Farid Abdeladim