La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, restera finalement en détention. Alors que son collectif d'avocats et ses proches ne dissimulaient pas leur optimisme de la voir remise en liberté provisoire, Louisa Hanoune a été maintenue en détention sur ordonnance du juge d'instruction près le tribunal militaire de Blida devant lequel elle a été auditionnée hier. "L'audition de la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, par le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida, en présence de son collectif d'avocats vient de prendre fin. Elle n'a pas été relâchée et ses avocats déposeront une nouvelle demande de libération le dimanche 23 juin", a indiqué hier un communiqué laconique du secrétariat du bureau politique du parti. Cette détention qui risque visiblement de se prolonger au regard de la complexité du dossier et des chefs d'inculpation pour lesquels elle est poursuivie — atteinte à l'autorité de l'armée et complot contre l'autorité de l'Etat — n'est pas pour rassurer sa famille et ses proches inquiets pour son état de santé. "Elle a des problèmes de santé, sa vie est en danger. La responsabilité incomberait à Ahmed Gaïd Salah si d'aventure quelque chose lui arrivait", s'est alarmé mardi l'avocat, Me Salah Dabouz, membre du comité national pour la libération de la détenue politique. Malgré l'élan de solidarité qui s'est exprimé à l'égard de Louisa Hanoune, au niveau national, mais également international, comme au Portugal ou au Brésil où les Chambres parlementaires ont appelé à sa libération, les autorités algériennes ne semblent pas encore disposées à lui rendre sa liberté. Elles sont restées insensibles aux lettres adressées par l'ex-sénatrice, Mme Zohra Drif-Bitat, successivement au chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, mais également au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Mardi, ce sont encore sept partis progressistes, ainsi que la Laddh (aile Me Benissad) qui ont exigé, dans un appel aux forces de l'alternative démocratique, la libération "immédiate et sans condition" de tous les détenus d'opinion, et condamné la "judiciarisation de l'action politique comme c'est le cas de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (…)". Convaincus que son incarcération est liée essentiellement à ses positions politiques et non à la prétendue rencontre qu'elle a tenue le 27 mars dernier avec Saïd Bouteflika et l'ex-patron des services de renseignement, Mohamed Mediène, les cadres du parti, les militants et nombre d'acteurs politiques poursuivent la mobilisation pour exiger sa libération. Ce jeudi, un rassemblement sera organisé par le parti et le comité national pour la libération de Louisa Hanoune, avec la participation de représentants de partis politiques et de personnalités nationales, au siège du parti à Alger. Parallèlement, des sit-in sont prévus en guise de solidarité devant les ambassades et consulats à travers plusieurs capitales dans le monde, selon Ramdane Tâazibt.