Résumé : Sadjia propose à sa mère de prendre quelques jours de vacances. L'idée enchantera Faïza, mais elle se rappelle soudain de la femme voilée, et ses craintes ressurgissent. Non, elle ne pourra pas s'éloigner de la maison au risque de perdre sa fille. De la fenêtre de la cuisine, sa mère la suivra des yeux. Une fois sûre qu'elle était bien partie, elle ouvre la porte d'entrée et jette un coup d'œil alentour. Personne, ni femme voilée ni chat errant ! Elle soupire d'aise et referme la porte. Dans la cuisine, elle se laisse tomber sur une chaise et se verse un café noir. Les idées se bousculaient dans sa tête. Elle n'était pas vraiment contre quelques jours de détente, mais elle avait peur de s'éloigner de la maison. Et plus encore, elle appréhendait la réaction de Sadjia si elle rencontrait cette femme voilée, qui prétendait être sa mère. Que se passera-t-il alors ? Les liens de sang sont si forts et rien ne pourra éloigner un enfant de sa mère, même si cette dernière l'avait abandonné des années plus tôt. Sadjia ressentira-t-elle de la compassion ou un amour filial envers sa mère biologique ? Ou un rejet ? Mais cette dernière perspective n'était pas pour la rassurer. Non, Sadjia est une fille sensible et émotive. Les larmes de cette femme vont à coup sûr l'émouvoir et la pousser à vouloir la connaître davantage. Faïza passe la main sur son visage. Elle ne se sentait pas très en forme pour entamer la journée. Aura-t-elle le courage de préparer le déjeuner, ou se contentera-t-elle de réchauffer les restes de la veille ? Elle se lève et ouvre le frigidaire pour retirer quelques morceaux de poulet, puis dépose quelques pommes de terre sur la table. Elle fera des grillades et des frites. Hichem n'aime pas trop les frites. Elle lui réchauffera la soupe de la veille. En fait, les garçons ne rentrent pas souvent pour le déjeuner. Mais lorsque cela leur arrive, ils mangent sur le pouce et repartent rapidement. Par contre, Hichem aime bien manger à midi, il préfère avoir le ventre plein avant de repartir. Toutefois, le soir, il se contente d'un repas léger. Faïza se met à éplucher ses pommes de terre d'une main tremblante. Elle appréhendait tant l'avenir ! La visite de cette femme, la veille, l'avait mise dans tous ses états, et elle n'était pas sûre de pouvoir lui faire face, tant elle craignait que cette dernière ne s'adresse tout bonnement à Sadjia. Tiens… Pourquoi ne l'a-t-elle donc pas fait ? Pourquoi s'était-elle adressée à elle plutôt qu'à sa fille ? Elle secoue la tête : peut-être craignait-elle de la brusquer ? Sadjia l'aurait peut-être rabrouée sans demander son reste. Voilà pourquoi cette enquiquineuse était revenue avec tous les détails qu'elle possédait, et s'était adressée à elle, avec l'assurance de quelqu'un qui voulait récupérer son dû. Elle termine d'éplucher les pommes de terre et se met à les laver, puis à les découper. Prise dans ses pensées, elle n'entendit pas les coups frappés à la porte d'entrée. Le son du carillon retentira dans la maison. Une fois, puis deux… Puis, plus fortement une troisième fois. Faïza sursaute et dépose son couteau, puis s'essuie les mains à son tablier. Elle jette un coup d'œil par la fenêtre de la cuisine et pousse un long soupir de soulagement en reconnaissant Nesrine.
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