Toutes ces dissensions engendrées par l'ancien secrétariat national risquent de porter préjudice à la Centrale et d'hypothéquer son avenir en tant que syndicat. La manière avec laquelle a été organisé le 13e congrès de l'UGTA et les résolutions qui ont sanctionné ses travaux ont suscité l'ire des syndicalistes de base. Comme première réaction à ce qu'ils qualifient de "mascarade", ils décident de ne jamais reconnaître cette nouvelle direction à sa tête le fraîchement "élu", Salim Labatcha, ainsi que les décisions qui ont été prises. De prime abord, les représentants de la dizaine de wilayas ayant boycotté ces assises ainsi que les nombreux dissidents expriment leur soutien pour les secrétaires généraux des 5 Unions de wilaya suspendus par le staff de Sidi-Saïd. Il s'agit des structures des wilayas de Saïda, de Béjaïa, de Tizi Ouzou, de Tlemcen et d'Alger. Pour avoir dénoncé la démarche "anti-statutaire" de la direction sortante pour organiser le congrès, les responsables UGTA de ces 5 wilayas ont été aussitôt exclus du syndicat. Une mesure jugée arbitraire puisqu'il s'agit de syndicalistes qui ont exprimé un avis au sein de l'organisation. "Jamais pareilles sanctions sont décidées lors d'un congrès qui est plutôt un rendez-vous d'évaluation et de perspectives pour un syndicat", déplore Amar Takjout, SG de l'Union de wilaya d'Alger, une des victimes de cette sanction. "Ce n'est pas dans l'intérêt de ce SG de commencer son travail à la tête de l'UGTA par une exclusion de syndicalistes élus par la base", indique M. Takjout. Cela dénote, affirme-t-il, qu'il n'y a point de changement au sein de l'UGTA et que les pratiques démocratiques ne sont pas adoptées dans cette organisation. Il soutient mordicus que personne ne peut l'exclure sauf les travailleurs et les syndicalistes de base de la wilaya d'Alger. L'on ne peut aucunement déloger les SG des Unions de wilaya contestatrices parce qu'ils sont élus par la base. Au contraire, les agissements de la direction ne feront que renforcer davantage les liens entre tous les syndicalistes frondeurs. Une chose est certaine, toutes ces dissensions engendrées par l'ancien secrétariat national risquent de porter préjudice à l'UGTA et d'hypothéquer son avenir en tant que syndicat. Car, tous les frondeurs commencent, à partir d'aujourd'hui, à s'organiser, à tenir des réunions à travers lesquelles ils lancent des réflexions profondes sur le devenir du syndicat. Ce sera, selon d'autres cadres syndicaux, l'occasion pour la réappropriation de l'UGTA par les travailleurs. Cette question est, selon Noureddine Bouderba, un ancien responsable au sein de l'UGTA, plus que jamais à l'ordre du jour. "Après ce congrès, les travailleurs n'abdiqueront pas. Le congrès national extraordinaire de réappropriation de l'UGTA par les travailleurs est plus que jamais à l'ordre du jour", indique-t-il. M. Bouderba souligne que rien ne peut remplacer l'implication des travailleurs qui doivent être les premiers et les derniers à décider de tout ce qui touche à la refondation de l'UGTA. "Sinon on aura un remake du passé avec un ‘changement dans la continuité' et une organisation qui continuera à être parrainée par le système et les forces de l'argent et à défendre leur cause", avertit-il.À propos du nouveau SG, M. Bouderba estime qu'il a été "parachuté" à la tête de l'UGTA puisqu'il n'a jamais été élu par la base. Noureddine Bouderba déclare que ce SG n'a pas fait ses preuves à la tête de la Fédération agroalimentaire. Par conséquent, relève-t-il, il ne va pas apporter du sang neuf à la Centrale. "Il continuera à faire le travail de Sidi-Saïd sans la présence de Sidi-Saïd", conclut-il.