Une grande embrouille s'empare de l'organisation du 13e congrès de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Jamais un événement aussi important pour ce syndicat n'a été préparé dans de pareilles conditions, marquées par un flou total. Même le lieu n'a pas été indiqué. La direction a vraisemblablement décidé de ne pas communiquer à ce sujet. À deux jours du rendez-vous, ni une conférence de presse n'a été programmée ni une déclaration de structure de la communication, liées à cette assemblée élective, n'a été faite. Une confusion entoure également l'autorisation de la wilaya d'Alger pour la tenue de ce congrès. Le staff de Sidi-Saïd a-t-il eu le quitus de la Drag (Direction de la réglementation) d'Alger ? Les avis à ce propos demeurent partagés entre ceux qui affirment que la Centrale syndicale a obtenu le feu vert de cette structure de la wilaya et ceux qui soutiennent que le fameux document n'a pas été envoyé à la Maison du peuple. Tout est, semble-t-il, centralisé au niveau de l'entourage immédiat du secrétaire général. Les syndicalistes s'interrogent sur la manière avec laquelle les délégués au congrès ont été désignés. Des convocations n'ont toujours pas été envoyées. "C'est un congrès préfabriqué que tiendra Sidi-Saïd avec son entourage, ignorant la base dans le but de se maintenir au poste de SG ou de désigner lui-même son successeur", souligne un des cadres syndicaux de l'opposition. Cela dit, Sidi-Saïd avait déclaré qu'il ne se représentera pas pour un nouveau mandat. "Le mandat actuel prendra fin le 10 janvier 2020, toutefois nous avons décidé d'avancer la date de l'organisation du 13e congrès de l'UGTA", avait-il déclaré en marge d'une réunion de coordination à huis clos regroupant les membres du comité exécutif national de l'UGTA. Les travailleurs, avoue cette source, nient toutes les démarches entreprises par le secrétariat national pour la tenue de ce congrès, qu'ils qualifient d'"anti-statutaire". Les frondeurs prévoient d'ailleurs aujourd'hui un rassemblement devant le siège de l'Union de wilaya d'Alger (1er-Mai). Ils exigeront de la délégation de l'Union d'Alger de ne pas prendre part à ce qu'ils appellent une "mascarade". Contacté pour de plus amples informations, Amar Takjout, SG de l'Union de wilaya d'Alger qui a confirmé l'obtention de l'autorisation, se pose toutefois plusieurs questions liées à cette rencontre. Il lance tout de go : "Le congrès sera-t-il à la hauteur de l'événement ?" Plus explicite, il se demande si ce rendez-vous décisif de l'UGTA tiendra compte de la situation qui prévaut actuellement en Algérie, des revendications du peuple, de l'impasse politique dans laquelle se retrouve notre pays et de la crise économique qu'il subit en ce moment. Une chose est sûre, Amar Takjout se dit "porteur d'un changement, d'une vision ayant pour objectif de rassembler et de bannir tous les clivages et les clans". Il souhaite contribuer au règlement des problèmes que vivent le pays ainsi que le monde du travail. On a évoqué le nom de l'ancien SG de la Fédération des textiles et cuirs comme digne successeur de Sidi-Saïd à la tête de l'UGTA. "Non, ce n'est que de la spéculation. Il se pourrait que je ne sois pas la personne idoine pour la situation actuelle", répond-il. Par ailleurs, une réunion qui regroupera les Unions de wilaya et les sections syndicales de toutes les régions du pays est prévue aujourd'hui soit à la Centrale, soit à l'Institut des études syndicales à El-Achour pour apporter les dernières retouches au congrès.