Entre 3 000 personnes, selon la police, et 5 000, selon les organisateurs ont manifesté vendredi à Bamako pour dire "stop" aux massacres dans le centre du Mali, où la situation a atteint une "cote d'alerte" selon le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Après la prière du vendredi, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centre de Bamako à l'appel du Collectif des associations de jeunes de la région de Mopti (Centre) pour réclamer la fin de ce cycle de violences que les renforts envoyés par l'armée ne sont jusqu'ici pas parvenus à endiguer. "Désarmez les milices", "Halte à l'amalgame", "La France complice", "Disons non à la haine", "Sécurisez les civils", "Une vie est une vie", "Mopti a assez souffert", "Peuls et Dogons sont victimes"... Les nombreuses pancartes brandies s'adressaient aussi bien au gouvernement, à la communauté internationale (France, ONU, pays voisins) qui le soutiennent, aux jihadistes et autres groupes armés qu'à ceux qui incitent les communautés à se dresser les unes contre les autres. "Trop de sang a coulé. Il faut que ça s'arrête, sinon il n'y aura plus de vie au centre du Mali", a expliqué une des manifestantes, Habitatou Diallo. Depuis l'apparition en 2015 dans cette région du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, et qui ont créé leurs groupes d'autodéfense. Koulogon - 39 Peuls tués le 1er janvier - ; Ogossagou - 160 Peuls tués le 23 mars - ; Sobane Da - 35 Dogons tués le 9 juin - ; Gangafani et Yoro - 41 Dogons tués le 17 juin -: la liste des villages martyrs ne cesse de grandir, malgré les renforts envoyés par l'armée. Le chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a récusé toute notion de conflit interethnique, a nommé, jeudi, "haut représentant du président de la République pour le centre" un de ses proches, l'ancien Président du Mali par intérim (2012-2013) Dioncounda Traoré. "Plus de 2800 personnes fuyant les violences dans leurs villages ont trouvé refuge dans la ville de Bandiagara, où elles ont reçu des marmites, jerricans, couvertures, nattes, moustiquaires... avec l'aide de la Croix-Rouge locale", a indiqué vendredi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). R. I./Agences