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"Ça n'a plus de sens que Bensalah propose quoi que ce soit"
Mohamed Hennad, politologue
Publié dans Liberté le 24 - 06 - 2019

Mohamed Hennad pense qu'"il s'agit d'un fait inédit que la société civile interfère franchement en politique pour contribuer à la résolution d'une crise de pouvoir". Il pense également que "le recours à l'armée pour la solution à la crise a toujours un prix".
Liberté : Il y a une semaine, la société civile a adopté une solution consensuelle qui consiste en une période de transition d'une durée maximum d'une année gérée par une personnalité nationale ou une instance présidentielle acceptée par le mouvement populaire. Qu'en pensez-vous ?
Mohamed Hennad : Evidemment, c'est une bonne initiative, d'autant plus qu'elle émane d'un nombre considérable de syndicats et d'associations de la société civile après de longues négociations. Ceci indique clairement une maturité politique de notre société, laquelle maturité s'est accentuée depuis le 22 février. Quant au contenu de l'initiative, il paraît parfaitement raisonnable. Qui plus est, il suit le contour d'une tendance générale qui a commencé à se dessiner depuis quelques semaines, à savoir l'option de la solution politique, tout en restant animés par un certain esprit de constitutionnalité.
Quelle chance a cette proposition d'aboutir face au problème de représentation du mouvement populaire et un pouvoir qui veut imposer sa propre solution ?
En fait, toute la question est là ! Primo, ladite initiative ne prétend point représenter le mouvement populaire, loin s'en faut ! Disons qu'elle a été le fruit de négociations entre forces sociales organisées. Or, le mouvement populaire est diffus et concentre ses revendications, pour le moment, sur le dégagement des figures du système d'abord. Secundo, pour le pouvoir, aujourd'hui aux mains du commandement militaire qui ne veut pas se mouiller, il s'agit d'un fait inédit que la société civile interfère franchement en politique pour contribuer à la résolution d'une crise de pouvoir. L'on ne sait pas quelle serait sa réaction d'autant plus qu'il n'est plus devant de simples organisations de masse mais bien devant des organisations engagées et déterminées ! Aussi, il n'est pas exclu que les chefs militaires botteront en touche pour la simple raison qu'on imagine mal les voir accepter un dialogue contradictoire qu'il assimileront à une banalisation de leur position et à une implication directe en politique.
Deuxième offre de dialogue de Bensalah, deuxième échec annoncé, quelle serait la prochaine étape pour le système ?
Cela n'a plus de sens que M. Bensalah propose quoi que ce soit puisque son intérim expire dans deux semaines et étant lui-même désavoué par le mouvement populaire. Ajoutez à cela le fait qu'on est déjà dans l'a-constitutionnalité depuis l'annulation de l'élection présidentielle, même si le pouvoir actuel continue de prétendre le contraire. Tout porte à croire que ce pouvoir va tergiverser jusqu'au 9 juillet prochain pour imposer un fait accompli, celui de faire appel à une autre personnalité pour remplacer M. Bensalah. Espérons que le choix de cette personnalité soit si judicieux qu'il va contribuer à la résolution de la crise politique qui a trop duré. Dans son discours, plutôt vague, du lundi 17 juin, le chef d'état-major appelle, encore une fois, au dialogue en vue d'organiser une élection présidentielle le plus tôt possible, fustigeant certains adeptes de la surenchère politique et idéologique. Mais sans mentionner avec qui dialoguer côté Pouvoir !
C'est un discours qui confirme l'intention du commandement militaire : l'organisation d'une élection présidentielle dans les meilleurs délais possibles. Or, pour le moment, les conditions pour une telle élection sont loin d'être réunies ; ce qui conforte la position de ceux qui pensent que le pouvoir voudrait une élection qui lui permettra de se tirer d'affaire, croyant que la poursuite d'anciens responsables corrompus finira par calmer la rue. De ce fait, le discours a tout l'air d'un discours de l'impasse !
Ce qui retient particulièrement l'attention, ce sont les déclarations qu'il a faites à l'issue de son dernier jour de visite à la IIIe Région militaire (Béchar). Il nous promet qu'il n'y aura pas de crise économique ou autre maintenant que l'Algérie s'est libérée de la bande des corrompus et de ceux qui ont trahi la confiance du peuple. Mais en ce qui concerne la crise politique, ses propos sont très graves ! Pour lui, l'Algérie n'a qu'un seul drapeau et que des instructions strictes ont été communiquées aux forces de l'ordre, pour une application rigoureuse des lois, afin de contrecarrer les tentatives de porter atteinte aux sentiments des Algériens. Une telle déclaration est gravissime. Car ceux qui brandissent l'emblème amazigh ne le font pas en opposition au drapeau national – d'ailleurs souvent ils portent les deux en même temps – mais veulent mettre l'accent sur la nécessité pour notre communauté nationale d'accepter sa diversité. Menacer ces gens-là ouvrira le pays à tous les risques que l'on peut imaginer !
Comment sortir de cette impasse ?
Il me semble qu'une tendance se dessine déjà par rapport à la manière dont la crise politique devrait être résolue. Beaucoup d'initiatives se rejoignent dans leurs grandes lignes. L'on peut dire que la démarche se présente, grosso modo, ainsi : d'abord, l'entente avec le Pouvoir sur une personnalité pour assurer l'intérim de l'Etat à la place de M. Bensalah ; la fin du mandat de celui-ci sera une occasion propice pour ce faire. Ensuite, le remplacement du gouvernement Bedoui après sa démission. L'entente, par le dialogue inclusif, sur les conditions pour une véritable élection présidentielle dans un délai de six mois. Enfin, l'installation d'une autorité souveraine, pour l'organisation et la supervision de cette élection. Entre-temps, il serait intéressant de suspendre le Parlement pour ne pas permettre aux députés de la fraude de parasiter le débat politique comme s'ils étaient payés pour ça. Idem pour le Conseil constitutionnel pour avoir avalisé toutes les élections frauduleuses. D'aucuns parlent d'une Assemblée constituante. Pour ma part, je ne pense pas que ça soit une bonne idée à cause du risque de perdre un temps fou dans des débats inutiles. Nous devons prendre conscience qu'on a déjà perdu trop de temps. Nous devons nous accorder sur le fait que l'intérêt du pays commande d'aller vers une élection présidentielle le plus tôt possible. Une fois que le nouveau président sera élu, c'est lui qui prendra en charge les réformes nécessaires, y compris celle de la Constitution, et pourquoi pas une toute nouvelle Constitution pour marquer le début d'une nouvelle République dont nous continuons à rêver.
Certains partis et personnalités souhaitent l'arbitrage de l'armée, mais solliciter l'institution militaire dans des conditions de crise, ne contribue-t-il pas à lui donner une légitimité d'agir sur l'action politique ?
Il faut se rendre à l'évidence que le pouvoir est déjà entre les mains du commandement de l'armée. En fait, il l'a toujours été depuis l'indépendance du pays, notamment par rapport à la désignation du président de la République. De ce fait, ceux qui demandent l'intervention de l'armée en politique – et ils sont nombreux – contribuent à la pérennisation de cet état de fait. Ainsi, ils se comportent en vassaux au lieu d'assumer leurs responsabilités et faire en sorte que la politique soit l'affaire des politiciens. D'autant plus que le recours à l'armée pour la solution d'une crise a toujours un prix. Les chefs militaires, dans ce cas, parleront d'une position de force et essayeront, comme c'est souvent le cas, d'obtenir des avantages, non seulement pour l'armée en général mais aussi pour eux-mêmes en tant que personnes.
En réagissant du tac au tac aux revendications des manifestants, le chef d'état-major de l'armée Gaïd Salah est devenu l'interface du peuple.
En effet, le chef d'état-major se présente en interface entre la rue et l'armée avec ses visites, devenues habituelles depuis le début du Hirak, aux régions militaires pour superviser des exercices militaires et, par la même occasion, nous donner une idée de ce que la "grande muette" souhaite voir se réaliser au niveau de la scène politique nationale. Toutefois, force est de constater que le commandement militaire, en se prévalant de la Constitution, agit plutôt en souverain qui compte dicter sa volonté aux forces politiques et sociales du pays. Souvenons-nous qu'au début du Hirak, les gens ne demandaient pas de mettre en prison les corrompus mais exigeait le départ du système d'abord ; même en scandant le slogan "Ô voleurs, vous avez bouffé le pays" ! C'est-à-dire que pour la vox populi, les poursuites des corrompus devraient intervenir une fois le système dégagé.
C'est la valse des convocations d'anciens hauts responsables, de généraux à la retraite et d'hommes d'affaires au niveau de la justice souvent assortie de mandats de dépôt. Pourquoi maintenant ?
Mais on voudrait bien savoir qui est en train de juger qui ! Comment se fait-il que la justice soit mise en branle du jour au lendemain alors que le phénomène de la corruption prenait de l'ampleur depuis fort longtemps. C'est pour cette raison que – nonobstant le fait que ceux mis en prison le méritent ou non – il y a des gens qui pensent que tous ces mandats de dépôt ne sont en fait que des règlements de comptes, sinon une manière de créer diversion.
Jusqu'où ira cette purge ? Certains pénalistes dénoncent une justice spectacle qui ne garantit pas un procès équitable. Quel est votre sentiment ?
Est-ce une purge ? Puisque ce mot connote souvent la liquidation d'adversaires, fictifs ou réels, à l'image de ce qui se passe, de temps à autre, dans les régimes totalitaires. Si c'est le cas, je pense qu'on est mal barré ! De toute façon, une bonne justice ne peut avoir lieu que dans la sérénité et la transparence et après un remue-ménage interne. Les pénalistes qui dénoncent ce qu'ils considèrent comme une justice-spectacle ont probablement raison, sauf qu'on aurait souhaité les entendre quand l'injustice et la corruption détruisaient le pays.
En l'absence d'une communication continue du parquet, une opacité entoure ces affaires. Le cas du général Ghediri est illustratif. Quelles pourraient être les conséquences d'une telle gestion des affaires judiciaires ?
Là, vous mettez le doigt sur un problème auquel fait face l'Etat de droit partout et à tout moment. Il faut prendre conscience du fait que notre pays traverse, aujourd'hui, une période turbulente, propice à tous les abus. Par principe, la justice est censée communiquer les motifs de toute arrestation, avec toutes les garanties reconnues par la loi à tout justiciable. Sinon c'est le règne de l'arbitraire. Pour le cas de M. Ghediri, en effet les chefs d'accusation ne semblent guère convaincants. S'agit-il d'une rivalité entre chefs militaires ? Peut-être. Mais il y a aussi un autre cas, dramatique celui-là, il s'agit du cas du général à la retraite, H. Benhadid, un homme très affaibli par la maladie. Je voudrais dire ici ma tristesse au sujet de son incarcération pour une improbable accusation d'"atteinte au moral de l'armée et à la sécurité de l'Etat" !


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