Le haut commandement de l'armée et son homme fort du moment le vice-ministre de la Défence et chef de l'état-major le général Ahmed Gaïd Salah n'ont probablement pas l'intention de céder sur la question du départ de Bensalah réclamé avec persistance dans les marches populaires. Ils ne veulent pas souscrire à cette exigence dont la satisfaction reviendrait pour eux à se déjuger d'avoir opté pour la solution dans le cadre constitutionel au vide institutionnel occasioné par la démission de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika et la chute de la « issaba » qui l'entourait. Mais si le pouvoir de fait qui a pour adresse le Tagarin est déterminé à rester inflexible s'agissant du maintien de Bensalah à la présidence de l'Etat jusqu'à l'organisation d'une élection présidentielle, il paraît selon des sources disposé au compromis consistant en le sacrifice du Premier ministre Bedoui et de son gouvernement. Il faut croire que du moins les partis d'opposition regroupés sous le label de « forces du changement pour le triomphe du choix du peuple » et les organisations et associations de la société civile, qui ont tenu une conférence la semaine dernière, ont été « briefés » sur la disposition du haut commandement de l'armée et de son homme fort. Ce qui paraît crédible au vu que ces partis et représentations de la société civile, tout en persistant à reitérer leurs soutien et adhésion aux revendications du mouvement populaire, n'écartent plus l'éventualité de leur participation à un dialogue sur les modalités et mécanismes à mettre en place pour l'organisation de l'élection présidentielle et n'affichent plus de fixation sur le cas Bensalah. Ces partis et représentations de la société civile ont ainsi pris le risque de s'aliéner irrévocablement la confiance du mouvement populaire qui lui periste et signe dans le maintien de sa revendication du départ préalable du président intérimaire avant d'envisager d'aller au dialogue avec le pouvoir de fait sur le comment serait la transition destineé à sortir le pays de la crise politique. Dans l'attitude de ces partis et représentations de la société civile, l'on décèle qu'ils n'entendent pas être réduits à faire de la figuration dans le débat politique ouvert par la situation exceptionnelle que vit l'Algérie depuis le 22 février. Ils semblent être convancus d'y parvenir en se montrant enclins au compromis qui leur aurait été suggéré de la part de l'institution militaire. En s'engageant sur cette voie que le mouvement populaire refuse encore d'emprunter, ils conforteront indubitablement l'ostracisme dans lequel le pouvoir incarné par Gaid Salah s'ingénie à enfermer le mouvement citoyen et ceux qui en sont des porte-paroles représentatifs.