Bahreïn a réuni hier des responsables économiques pour discuter d'un plan de développement américain pour les territoires palestiniens, que les dirigeants palestiniens dénoncent comme une tentative de leur imposer un règlement du conflit favorable à Israël. Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain Donald Trump, a proposé cette initiative, baptisée "De la paix à la prospérité" et l'a présentée comme "l'occasion du siècle" pour les Palestiniens, aux prises avec une crise économique chronique. Connu pour sa proximité avec Israël, Jared Kushner a prévenu les Palestiniens, dont les représentants boycottent la réunion, que l'acceptation de ce plan était un préalable à tout accord de paix. Il leur fait miroiter un projet fait notamment de 50 milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures, le tourisme ou l'éducation, avec la création d'un million d'emplois à la clé. L'Autorité palestinienne, qui estiment que les Etats-Unis font miroiter une aide économique pour imposer leurs idées et leurs solutions sur un règlement politique qui lui serait défavorable, a boycotté cette réunion. Pour les responsables palestiniens, cet atelier économique a pour but la liquidation de la cause palestinienne. À ce propos, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeineh, avait déclaré mardi que "l'initiative de paix arabe adoptée par les sommets arabes et islamiques, qui a été intégrée à la résolution 1515 du Conseil de sécurité des Nations unies, est une ligne rouge. Il n'est pas possible pour Kushner de reformuler l'initiative au nom des sommets arabes et islamiques". Ces déclarations constituent une réponse aux déclarations de l'envoyé du président américain au Moyen-Orient, George Kouchner, qui a déclaré que "l'objectif de l'accord du siècle est de mettre fin à l'initiative arabe de paix". Il a ajouté que "le président Mahmoud Abbas a révélé les objectifs de cet accord, qui vise à liquider notre cause nationale". Pour Saeb Erekat, le secrétaire du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, "le seul moyen de paix est dans la réalisation de la souveraineté de l'Etat palestinien libre sur son territoire et dans la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination, à l'indépendance et au retour des réfugiés selon la résolution 194 de l'ONU". Il a réitéré la position officielle du gouvernement palestinien de ne pas transiger sur une solution politique juste et durable, en affirmant : "Tout plan incluant des éléments visant à mettre fin à la cause palestinienne et à annuler l'existence de son peuple est rejeté par la partie palestinienne et n'est pas acceptable à négocier." Par ailleurs, pour le troisième jour consécutif, les protestations dans les provinces palestiniennes, aux camps de réfugiés, dans la diaspora et dans plusieurs pays du monde se sont poursuivies hier contre l'atelier de travail américain qui a député hier à Bahreïn. La veille, les territoires palestiniens occupés ont été le théâtre de manifestations que les forces militaires israéliennes ont réprimé avec violence, blessant et arrêtant des dizaines de Palestiniens.