La gestion des manifestations en cours par les autorités font craindre le pire. Pour l'avocat et militant des droits de l'Homme, Mostefa Bouchachi, les "informations" diffusées sur la préparation d'une éventuelle élection présidentielle "poussent au pessimisme". Pour le militant des droits de l'Homme, devenu au fil du temps une figure du mouvement populaire, il y a "une crainte" de voir émerger "une contre-révolution" allant à l'encontre de la volonté populaire. Dans une interview accordée au journal arabophone El Khabar, publiée dans son édition de jeudi, l'avocat cite comme exemple "le repositionnement" des partis du pouvoir que sont le FLN et le RND. Ces partis "reprennent du souffle et tentent de se repositionner de nouveau à travers le changement de leurs figures", a commenté Bouchachi qui rappelle qu'aucun "changement démocratique ne peut se faire avec des symboles du système pourri". Pour l'avocat, qui s'est constitué dans la défense des manifestants arrêtés à cause du drapeau berbère, le maintien des "2 B" est la preuve qu'il n'y a pas de volonté d'aller vers un changement. Même le départ de Nouredine Bedoui seul, avec le maintien d'Abdelkader Bensalah, "ne règle pas le problème" parce que c'est le chef de l'Etat par intérim qui va "décréter" les lois relatives à la commission nationale de préparation des élections. À cela, il faut ajouter qu'"au sein de la classe politique et dans le mouvement populaire", tout le monde est d'accord "pour le départ de ces deux responsables", ajoutant qu'"à partir du 9 juillet, nous serons en dehors de la Constitution et évoquer une solution constitutionnelle sera un non-sens". Interrogé sur la position de l'armée, Mostefa Bouchachi estime que les discours d'Ahmed Gaïd Salah ne sont pas "clairs". Il s'interroge d'ailleurs sur la contradiction entre le soutien que le chef de l'armée affirme apporter au mouvement populaire et "le maintien des symboles du système". Me Mostefa Bouchachi affirme que, contrairement à ce qu'affirment les autorités, "la justice n'est pas indépendante". La preuve est que les juges ont emprisonné les manifestants qui portaient l'emblème amazigh "au lendemain du discours du 20 juin" prononcé par Ahmed Gaïd Salah. "Cela prouve que la justice n'a pas agi de son plein gré. Car le parquet sait que ces enquêtes aboutiront à la conclusion, selon laquelle porter l'emblème amazigh ne constitue par un crime au regard de la loi." "Les atteintes aux libertés ne se sont pas arrêtées depuis le début du mouvement populaire", rappelle-t-il. C'est pour cela que Bouchachi considère les personnes emprisonnées comme "des détenus politiques" qui "n'ont commis aucun crime". Ces détenus "n'ont fait qu'exprimer leur appartenance à l'identité amazighe". Puis, "il y a d'autres détenus politiques" dans les prisons algériennes qui, rappelle Mostefa Bouchachi, sont notamment des personnes détenues "du temps de l'ancien président".