En dépit de la très forte chaleur et de sa programmation à un horaire qui découragerait les plus téméraires, la manifestation s'est déroulée dans un cadre coutumier. à travers ce 19e acte, les manifestants ont donné une preuve supplémentaire qu'ils sont loin de l'essoufflement escompté et témoigné que leur présence constitue un signal fort aux gouvernants qu'ils ne renonceront pas à leurs revendications. Cette mobilisation traduit la bonne coordination qui existe depuis le début de ces marches entre les différents acteurs de la société civile, conscients de la nécessité d'un changement radical du système en place. Ces principaux enseignements tirés de la manifestation de ce vendredi 28 juin 2019 organisée à Mascara reflètent le message réitéré depuis l'entame du mouvement. En effet, ils étaient plusieurs milliers à brandir des pancartes portant des écrits : "Bensalah dégage", "Bedoui dégage", "FLN dégage", "RND dégage", "Tatnahaw gaâ". Ces banderoles s'ajoutent aux slogans relatifs à différentes revendications qui sont à l'origine des manifestations organisées chaque vendredi. Les jeunes et moins jeunes se sont donné rendez-vous sur la place Emir-Abdelkader juste après la sortie des fidèles des mosquées après la prière du vendredi. Les non-pratiquants étaient en place bien avant pour l'organisation. Puis le cortège a pris le départ pour parcourir les principales artères de la ville. Au fur et mesure, la masse humaine voyait ses rangs grossir avec l'intégration de nouveaux manifestants, plus décidés à se faire entendre, réclamant le départ de tout le clan de Bouteflika, le changement radical des gouvernants et l'instauration d'une république libre et indépendante : "Dawla madania machi âaskaria." Par ailleurs, les participants ont réclamé la libération des manifestants arrêtés et emprisonnés lors des précédentes marches, avec une pensée particulière pour le jeune Samir, supporter de l'EN et originaire de Mascara, qui a été expulsé du Caire pour avoir brandi une pancarte portant des écrits interdits en Egypte et qui se trouve en détention à El-Harrach, selon ses proches. Pour marquer son implication, la population "offrait" aux manifestants ainsi qu'aux éléments des forces de l'ordre chargés du bon déroulement de cette marche et de la sécurité, des bouteilles d'eau, des casquettes, des chapeaux, des drapeaux et des sandwichs. Pour ne pas attirer l'attention des agents des forces de l'ordre, quelques manifestants ont peint sur leurs joues, leurs bras ou leur front l'emblème amazigh. Ainsi, la pression de la rue est loin de faiblir.