Ce n'était pas la grande foule des précédents vendredis de la marche populaire pacifique, mais des centaines de citoyens au début et des milliers vers 16h ont tenu à marquer de leur présence ce rendez-vous important pour la construction d'une véritable république démocratique. Les manifestants ont, et pour la première fois, rangé l'emblème de l'identité amazighe pour surtout ne pas donner de prétextes aux ennemis de cette révolution pacifique de venir casser cette grande envie de liberté de tous les Algériens quelle que soit leur origine. Seul l'emblème national a été brandi en différentes dimensions. Mais les manifestants n'ont cessé de scander "Non au régionalisme, khaoua, khaoua" et aussi "Qbaïel, Arab, Chaouia, khaoua, khaoua" (Kabyles, Arabes, Chaouis, tous frères), pour signifier que le peuple algérien reste uni et indivisible. Les quelques centaines de citoyens qui ont entamé la marche après la prière du vendredi étaient stupéfaits de voir ce nombre restreint de participants. Les commentaires imputaient cela surtout à la baisse sensible des prix des fruits et légumes et aussi de la viande blanche sur le marché pour faire dire à certains : "Ils ont vendu leur cause pour la bouffe." Mais ce n'était que partie remise puisque, à partir de 15h30, de nombreux citoyens ont rejoint le rassemblement qui s'est tenu à la place du 1er-Novembre, endroit de prédilection des grands rassemblements de ces marches pacifiques. Ils ont réitéré les slogans tels "Bensalah dégage, Bedoui dégage, Gaïd Salah dégage" et refusé des élections organisées par les Bensalah et Bedoui en scandant : "Ya Bedoui ya hakir ikhtissassek fi tazouir" (ô toi méprisable Bedoui, ta spécialité est la fraude), ainsi qu'à l'intention de Bensalah : "Ya Bensalah el âjouz, qaâed kima el garagouz" (ô toi le vieux Bensalah, tu es comme une marionnette). Et aussi "Dawla madania machi aâskaria" (Etat civil, non militaire). Tout en rappelant que les revendications sont pacifiques, civilisées et légitimes et non pas impossibles —"Nous voulons une Algérie propre sans corruption et sans clientélisme" —, ils ont aussi exprimé leur soulagement de voir de hauts anciens dirigeants du pays défiler à la prison d'El-Harrach, comme cette pancarte brandie par un manifestant sur laquelle on pouvait lire : "Valse des VIP à El-Harrach." Les manifestants ont aussi souligné : "Koul youm kharjine, manech mbahrine, manech msaïfine, errahil, errahil" (nous sortirons tous les jours, pas de plage, pas de vacances, dégagez, dégagez).