Légèrement affaiblie pendant le mois de Ramadhan, la contestation a repris de la vigueur. Une véritable marée humaine a déferlé hier sur le centre-ville d'Oran, pour réitérer son refus de tout dialogue avec les tenants du pouvoir et rassurer (ou avertir) sur sa détermination à poursuivre la lutte jusqu'au démantèlement de l'ensemble du système. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, drapés dans l'emblème national, brandissant des pancartes hostiles à Gaïd Salah, Bensalah, Bedoui et consorts, ont fait vibrer les principales avenues d'Oran par leurs slogans rejetant les propositions émanant de dirigeants honnis, exigeant le départ du pouvoir et de ses symboles et refusant tout dialogue avec les fossoyeurs de l'Algérie. Quant à l'élection présidentielle, elle n'aura jamais lieu dans l'état actuel des choses. "Makanch intikhabat yal içabat… Gaïd Salah, votez wahdek… ulaç el vote ulaç…", sont quelques-uns des messages que les manifestants ont lancés au chef d'état-major et à la Présidence qui continuent de s'accrocher à l'organisation de l'élection. "Comment faire confiance à ces gens alors qu'ils font partie de ce même pouvoir qu'on veut dégager ?", a-t-on expliqué parmi les manifestants en balayant d'un revers de la main le discours de Bensalah, prononcé jeudi soir. "Goulna tetnahaw gaâ, yaâni gaâ", ont-ils encore réitéré à l'adresse des dirigeants qui continuent d'ignorer les aspirations populaires pour un changement radical et l'avènement d'une nouvelle république conduite par des hommes et des femmes intègres, qui ne se sont pas compromis avec le pouvoir. "Certains veulent surfer sur le hirak pour se refaire une virginité, mais ils perdent leur temps ; nous les connaissons tous", ont averti quelques manifestants. Devant le siège de la wilaya, considérée comme un symbole de la fraude et l'une «des tanières de la içaba", une masse impressionnante de manifestants ont scandé des slogans exigeant le départ du chef d'état-major, du président par intérim et du chef du gouvernement, traité à l'occasion d'hypocrite au lendemain de son voyage à La Mecque. La foule, qui a également appelé au départ du wali d'Oran, s'est acharnée sur Gaïd Salah. De nombreuses pancartes lui étaient, d'ailleurs, consacrées, le hissant ainsi à la première place des personnalités les plus vilipendées de la manifestation, loin devant Bensalah, Bedoui et même Saïd Bouteflika qui a été, il n'y a pas si longtemps, l'ennemi public numéro un. Après cette longue halte devant le siège de la wilaya, au cours de laquelle ils ont également répété leur refus d'un Etat militaire (dawla madania machi âaskaria), les milliers de manifestants ont repris leur marche en direction du rond-point Zabana, autre point de rencontre majeur où les manifestants se regroupent pour une kermesse anti-pouvoir. Légèrement affaiblie pendant le mois de Ramadhan, la contestation a repris de la vigueur ce 16e vendredi. L'imposante foule qui a battu le pavé et la détermination qu'elle a affichée ne sont pas de bon augure pour les tenants du pouvoir. "Ni plage, ni bronzage, ni voyage", avertit un jeune sur sa pancarte, alors que les manifestants jurent de ne pas prendre de repos avant que le pays ne soit assaini des "serrakin li klew lebled".