Le collectif d'avocats compte demander la liberté provisoire pour M. Bouregâa, arrêté samedi et mis sous mandat de dépôt dès le lendemain. Le fils du détenu a, pour sa part, affirmé qu'il ne restera pas les bras croisés face aux accusations diffamatoires de la télévision publique. La famille Bouregâa compte déposer une plainte contre la Télévision nationale, pour les accusations qualifiées de diffamatoires, proférées à l'encontre du moudjahid Lakhdar Bouregâa, incarcéré dimanche dernier, à la prison d'El-Harrach. "Le collectif des avocats s'est déplacé, dans l'après-midi d'hier, à la prison d'El-Harrach pour demander l'avis et l'accord de Lakhdar Bouregâa qui est directement concerné. Du coup, on attend la décision de M. Bouregâa pour enclencher la procédure. Cela dit, ce qui a été annoncé par la Télévision nationale est diffamatoire. On pensait que la chose revêtait un caractère pénal et que les choses s'arrêtaient là. D'ailleurs, nous avons consulté le dossier et il n'y a aucune poursuite dans ce cadre précis. De plus, on se demande d'où ils ont sorti ces propos diffamatoires. Du coup, il n'y a que les chefs d'inculpation annoncés par le procureur de la République qui ont été retenus contre Lakhdar Bouregâa." Contacté par nos soins, son fils, M'hamed Bouregâa, s'est dit "outré par les accusations de la Télévision nationale". "C'est une bombe qu'on nous a lancé ! Nous ne nous attendions pas du tout à de telles accusations gratuites et infondées à l'encontre de notre père connu de tous les Algériens. Personnellement, je vais les poursuivre en justice. Je ne vais pas rester les bras croisés. Pour le moment, j'attends l'évolution de la situation concernant mon père. Demain matin (aujourd'hui, ndlr), j'irai le voir en prison pour m'enquérir de son état de santé. Concernant la plainte que compte déposer la famille Bouregâa contre cette télévision, nous verrons d'abord ce que notre père décidera avec ses avocats." Il faut rappeler que la télévision publique avait accusé Lakhdar Bouregâa, immédiatement après son incarcération et sans citer aucune source, d'avoir "usurpé l'identité de Mokrani Rabah, le vrai chef de la Wilaya IV lors de la guerre de Libération nationale". Pis encore, la même chaîne avait affirmé que "le vrai nom de l'accusé, qui est mis sous mandat de dépôt aujourd'hui, était Ahmed Bouregâa, qui était appelé aussi, Si Lakhdar, en référence à Rabah Mokrani qui est le vrai commandant de la 4e Région militaire et qui a été tué lors de la guerre de Libération", d'une part, et, d'autre part, qu'"Ahmed Bouregâa était engagé dans l'armée française dans la région des Alpes, en France, entre 1954 et 1956, puis a rejoint les rangs de l'Armée de libération lors de sa permission en Algérie". La Télévision nationale ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Elle a aussi chargé M. Bouregâa pour "son activisme dans certains partis politiques connus pour leurs positions douteuses, notamment en ce qui concerne les affaires sensibles du pays". Par ailleurs, le collectif des avocats pour la libération du commandant Lakhdar Bouregâa a introduit, hier, un appel devant le juge d'instruction. Selon Me Adnane Meddour, "un collectif d'avocats s'est constitué et nous avons formulé l'appel ce matin (hier, ndlr). Il sera programmé incessamment devant la chambre d'accusation et nous allons demander la liberté provisoire" pour Bouregâa. Pour rappel, le mis en cause a été arrêté, samedi dernier, devant son domicile à Hydra (Alger), par deux individus en civil qui l'ont acheminé vers un lieu inconnu. Le commandant Lakhdar Bouregâa a été placé, le lendemain, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction près le tribunal de Bir Mourad-Raïs. Ainsi, le mis en cause risque entre cinq et dix ans d'emprisonnement pour "atteinte à corps constitués et avoir contribué sciemment en temps de paix à un projet visant à affaiblir le moral de l'armée et visant à nuire à la défense nationale".