L'Iran pourrait enrichir son uranium à hauteur de 5% à des fins "pacifiques", a déclaré, hier, un conseiller du guide suprême iranien, avant le dépassement annoncé de la limite imposée à ses réserves d'uranium enrichi par l'accord sur son programme nucléaire. Le président iranien Hassan Rohani avait annoncé mercredi que son pays mettrait à exécution aujourd'hui sa menace d'enrichir l'uranium à plus de 3,67%, limite fixée par l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, en réaction au retrait américain du pacte et au rétablissement de sanctions contre Téhéran par Washington. L'enrichissement d'uranium "augmentera autant que nécessaire pour nos activités pacifiques", a affirmé Ali Akbar Velayati, conseiller pour les affaires internationales auprès de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique. "Pour le réacteur nucléaire de Bouchehr, nous avons besoin d'un enrichissement de 5%, un objectif complètement pacifique", a-t-il estimé dans un entretien publié vendredi sur le site internet de l'ayatollah Khamenei. La centrale de Bouchehr (ouest), la seule d'Iran, fonctionne à partir de carburant importé de Russie et est contrôlée de près par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Téhéran avait annoncé le 8 mai son intention de ne plus respecter deux engagements pris aux termes de l'accord nucléaire, limitant ses réserves d'uranium enrichi et d'eau lourde, un an après le retrait de Washington du pacte. Par ce texte, l'Iran s'est engagé à ne jamais acquérir la bombe atomique et à limiter drastiquement ses activités nucléaires en échange de la levée de sanctions internationales qui asphyxiaient son économie. Téhéran a donné 60 jours aux Etats encore parties à l'accord — Royaume-Uni, France, Allemagne, Chine, Russie — pour l'aider à contourner les sanctions américaines, faute de quoi il renoncera à deux autres engagements. L'Iran a jusqu'ici jugé insuffisants les efforts réalisés pour l'aider. "Les Etats-Unis ont directement violé l'accord et les Européens indirectement", a affirmé M. Velayati. "Nous réagirons de façon proportionnelle à leurs violations." L'AIEA a annoncé qu'une réunion extraordinaire se tiendrait le 10 juillet sur demande des Etats-Unis pour faire le point sur les dérogations à l'accord annoncé par Téhéran. L'Iran avait également prévenu qu'à partir du 7 juillet, il pourrait reprendre son projet initial de réacteur à eau lourde à Arak (dans le centre du pays), mis en sommeil en vertu de l'accord de 2015.