Ils sont arrivés. Ils sont tous (ou presque) là, d'Italie, d'Espagne, d'Allemagne, d'Angleterre et surtout de France, avec leurs belles et reluisantes bagnoles et leur allure de “là-bas chez nous”. Ils retrouvent Annaba ou la coquette, toujours gaie, vivante et accueillante. “Arouahou fi Annaba tartahou” (venez à Annaba pour vous reposer). Le refrain, ils le connaissent bien, eux qui commencent à le chanter déjà sur les quais marseillais, tant la joie, le bonheur du retour au bled et les retrouvailles leur tiennent à cœur. Le port de Annaba, comme l'aéroport international Rabah-Bitat, grouille de monde les jours de débarquement. Depuis une semaine, des émigrés affluent à Annaba. L'on assiste sur les plages de l'antique Bouna à un véritable carnaval. À Saint-cloud, Chapuis, La Caroube, Toche, belvédère, Aïn-Achir et Oued-bagrat, l'ambiance bat son plein. Et malgré l'existence de beaucoup de destinations touristiques rivales, les atouts dont dispose la ville des rives de la Seybouse font qu'elle restera toujours une destination touristique par excellence et les milliers d'estivants qu'elle enregistre, depuis des années, sont au rendez-vous. Mieux encore, cet afflux est appelé à doubler au cours de ce mois, estiment les propriétaires d'établissements touristiques, pris d'assaut par des vacanciers en provenance de l'intérieur du pays comme de l'étranger. L'ambiance estivale est caractérisée, comme d'habitude, notamment le soir, par de longues veillées agrémentées par de nombreux galas artistiques pour tous les goûts, qu'organisent aussi bien les propriétaires privés des établissements touristiques que l'office communal du tourisme de Annaba. Côté sécurité, la question ne se pose pas cette saison, tant les services de sécurité (gendarmerie et police) maîtrisent la situation, à commencer par le cours de la révolution, la plus importante place publique de Annaba, jusqu'à la région balnéaire de Ras El Hamra. Pour beaucoup d'émigrés, le retour au pays, surtout après de longues années d'absence et de “ghorba”, est presque synonyme de “pèlerinage”. Plus que des retrouvailles, ce retour est ressenti comme un rituel auquel l'on est soumis. C'est aussi un ressourcement qui requinque son bonhomme et l'aide à supporter cette “ghorba”. Mais, le plaisir de revenir au bled et les retrouvailles sur la terre natale ou celle des ancêtres est un moment fort et passionnant. “Vous n'imaginerez jamais le plaisir que je ressens dès le moment où j'accède sur le pont du bateau pour admirer de loin la baie de Annaba et Ras El Hamra”, nous a confié un passager de la Snmtp, il y a quelques jours. “Je ne peux rester au-delà d'une année, sans revoir ma famille et mes amis qui sont restés au bled”, explique un autre, tout en ajoutant : “C'est un besoin primordial pour moi, pour mon équilibre et pour celui de toute ma famille.” B. BADIS