36 000 enseignants vacataires ont été intégrés à la faveur d'une large opération d'assainissement. “Il n'y aura pas de retard dans les salaires des enseignants ! Tous les traitements seront versés à temps, dans toutes les wilayas.” C'est ce qu'a assuré, hier, M. Tebboune, secrétaire général du ministère de l'Education nationale devant un aréopage de journalistes. Au-delà des médias, le représentant de la tutelle s'adressait évidemment à ses administrés, surtout que la grogne des enseignants ne cesse d'enfler depuis quelque temps. Il faut rappeler, en effet, que le secteur de l'éducation nationale (l'un des plus bouillants sur le front social, avec des effectifs de 489 000 salariés) connaît un pic de tension en raison, principalement, des retards de salaires relevés çà et là, de certaines primes non versées et des disparités dans l'octroi des indemnités par la dernière bipartite, dont les corps communs se sont trouvés d'emblée exclus. Retard des salaires. Voilà un sujet qui donnera lieu à un véritable cours de finances et comptabilité de la part des représentants du ministère. M. Tebboune précisera d'emblée : “Il n'y a jamais eu de retard de paiement dans le secteur. Le fait est que, exceptionnellement, le salaire du mois de décembre avait été viré plus tôt que prévu et ce, à la demande des enseignants, dans certaines wilayas, en raison de la fête de l'Aïd. Donc, c'est tout à fait naturel que la paie connaisse un certain retard quand on revient au calendrier régulier de versement des traitements.” En outre, le SG a jugé nécessaire d'expliciter le chemin tortueux que connaît la solde d'un enseignant, avant d'arriver jusqu'à sa poche. Il faut retenir que depuis le 1er janvier 2002, il a été procédé à une centralisation du système de paiement des salaires. Explications : “Avant, chaque établissement scolaire, entendre les lycées et les CEM, dressait, lui-même, la solde de ses travailleurs. Cette procédure ne subissait pas de contrôle a priori de la part du contrôleur financier de la wilaya. Résultat des courses : nous nous sommes retrouvés avec 4 300 établissements, chacun doté de son propre budget. Cela nous a grandement pénalisé. Ainsi, l'argent qui était alloué à ces établissements pour le paiement de leurs salaires était souvent sous-utilisé, du fait que plusieurs postes budgétaires étaient mal gérés. Il y avait des gens qui avaient quitté leur poste pour une raison ou pour une autre ; il y en a même qui étaient décédés, et pourtant, ces postes n'étaient pas libérés.” Et le secrétaire général d'avancer ce chiffre hallucinant : “L'argent non utilisé par ces 4 300 établissements a accusé un cumul de 53 milliards de DA ! Le comble, ajoute-t-il, est que ces deniers ne pouvaient ni être affectés à d'autres chapitres, ni être exploités par l'Etat.” Ainsi, les établissements scolaires ne sont plus autorisés à verser directement les traitements de leur personnel. Désormais, ce sont les directions de l'éducation qui s'en chargent. De 4 300 états de solde, le secteur n'en aura que 48 à traiter, à raison d'un état par wilaya. Autre nouveauté : la procédure de paiement passe par le contrôle a priori, en l'occurrence celui du contrôleur financier de la wilaya, et celui du trésorier. Objectif de ces précautions : une gestion rationalisée des postes budgétaires, avec “détection” immédiate des postes vacants. En clair, il faut croire que la machine est maintenant bien huilée et que les salaires seront versés dans les délais. Le représentant du MEN rassure que même dans les régions de Tizi-Ouzou et Béjaïa — où le SETE avait appelé à une grève générale pour protester, entre autres, contre les retards de paiement — les états de solde ont été livrés au trésorier dès le 9 janvier dernier. Concernant les primes, notamment celle qui a été au centre de revendications pressantes de la part des enseignants, comprenez la prime de rendement, le SG dira : “Je dois souligner qu'il s'agit là d'abord d'une prime semestrielle et non pas mensuelle. On s'est plaint de ce que la prime de rendement n'ait pas été virée au mois de décembre. Sachez que les notations des enseignants sur ce chapitre se font à la fin de l'année, soit au 31 décembre. Donc, en bonne logique, la PRI ne peut être versée qu'au mois de janvier.” Enfin, sur la question des vacataires, M. Dembri, directeur du personnel au niveau du ministère de tutelle, a assuré que l'assainissement du secteur sur instruction du Chef du gouvernement, a permis la libération de 36 000 postes budgétaires. Lesquels postes ont été affectés à l'intégration des suppléants. Il y a lieu de relever qu'en vertu du décret portant régularisation de la situation des enseignants vacataires, seuls les suppléants qui étaient en poste au 31 décembre 2001 étaient concernés par ces mesures, ce qui a, dans un premier temps, permis la “permanisation” de 23 000 contractuels. Ce délai sera finalement revu à la baisse pour inclure tous les vacataires justifiant d'états de service au 30 septembre 2000, ce qui a permis d'intégrer 9 300 autres. M. B.