RESUME : Aziz ignore combien elle souffre. Il vient de lui rappeler qu'elle est une fille naturelle, au passé douteux. L'image de Aziz la poursuit encore. -Il faut en parler à ta patronne. Tu dois la mettre au courant, lui conseille sa protectrice. Qui sait s'ils ne referont pas le même coup d'avant ? S'ils ne se passeront pas de ton aide pour la voler ? - J'ai peur d'être impliquée dans ce vol, d'une façon ou d'une autre, lui confie Sorreya. Le passé va me rattraper. Madame ne me fera plus jamais confiance lorsqu'elle saura d'où je suis venue. - Mais tu n'es plus avec eux ! lui rappelle Josette. Et tu n'as jamais eu le fond mauvais. Aujourd'hui, tu pries et ta conscience est en éveil. Tu ne referas plus jamais les mêmes erreurs. - Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai peur. Je risque de me retrouver sans travail, à cause d'eux. J'étais si tranquille et si heureuse avant aujourd'hui. - Si cela peut te rassurer, je t'accompagnerais demain et j'en parlerais à madame Djira. Elle comprendra, j'en suis sûre. La jeune fille voudrait bien la croire, mais son cœur ne lui laisse aucun répit et aucun espoir. Elle n'aura plus d'avenir, car son passé va la rattraper. Sa patronne va savoir qu'elle a eu un passé des plus douteux dont elle n'est pas fière. Comment pourrait-elle faire confiance à une enfant naturelle qui n'a reçu aucune éducation et qui n'a une vie, un semblant de vie respectable, que depuis quelques mois. Si elle était bien née, elle pourrait tout affronter la tête haute, mais elle n'est que Sorreya, tout court, sans une seule lettre pour nom. Elle est une pupille de l'Etat, sans nom, sans origine, sans avenir. Tout en pensant au problème que lui posent ses anciennes amies, elle se rappelle Aziz. Il devait être bien déçu et son comportement devait l'avoir surpris. Quelle sera sa réaction lorsqu'il saura qu'elle est une fille d'origine inconnue ? Il ne voudra sûrement plus la fréquenter... Sorreya se retourne plusieurs fois dans son lit. Elle voudrait bien dormir mais le sommeil a été chassé par ses soucis. L'image de Aziz la poursuit encore. Il est si beau. Il semble si sincère. Si elle avait été une autre, elle aurait pu tenter sa chance mais elle est Sorreya. Plus que jamais elle le sait. Elle a mal en y pensant et le fait de ne pas pouvoir y changer quoique ce soit, la rend malade. Ce n'est pas juste. N'a-t-elle pas droit à la paix, au respect ? Ne mérite-t-elle pas de vivre tranquillement sa vie ? Elle n'est aucunement responsable de sa naissance. Depuis toujours, elle se demande qui est sa mère, comment elle est et comment elle a eu la malchance de tomber enceinte. Que lui était-il arrivé ? Dans quelle situation s'était-elle retrouvée ? Son ami l'avait trahie après avoir profité d'elle, de sa naïveté due à sa jeunesse. Sorreya ne pouvait pas imaginer sa mère autrement que jeune, sinon on n'aurait pas abusé d'elle. Elle ne se serait pas retrouvée enceinte, contrainte à l'abandonner juste après sa naissance. Sa mère ne pouvait pas la garder. Sa famille ne le lui aurait pas pardonné de les avoir déshonorés. Aujourd'hui encore, la chose n'est pas tolérée et pardonnée, sa mère a dû souffrir durant tous ses mois de grossesse et après l'avoir mise au monde. Qui sait si elle n'y avait pas laissé sa vie ? Sorreya frissonne à cette idée et tente de la chasser. Des larmes lui brûlent les yeux. Le malheur qui les a frappées est dû à un homme. Sa mère devait être amoureuse et elle a succombé à son charme. Elle a payé le prix fort et elle aussi, aujourd'hui. Elle se souvient du regard intense de Aziz et sa manière de faire. Comment s'était-il imposé durant la matinée ? Il lui aurait beaucoup plu si elle ignorait qu'il avait une amie, à qui il avait choisi de belles robes et des tailleurs d'été. Son père avait dû être comme lui, engagé ailleurs, sans se priver d'avoir un extra. Charmeur et beau parleur, sa mère l'avait cru. Dommage... Sorreya se met à détester son père et même Aziz. Elle ne tombera pas dans le même piège que sa mère. Jamais elle ne fera confiance à un homme, même s'il a l'allure d'un ange, même si son coeur lui assure qu'il n'a rien du diable. (À suivre) A. K. [email protected]