Ces deux affaires, à elles seules, révèlent, on ne peut mieux, un scandale de grande corruption en Algérie du temps du président déchu Bouteflika. Le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelkader Benmessaoud, a également été placé, hier, sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction près la Cour suprême, en qualité d'ancien wali de Tissemsilt, dans l'affaire Tahkout. L'enquête préliminaire menée par la Section de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab Jdid (Alger) avait relevé plusieurs irrégularités dans l'octroi d'avantages à Mahieddine Tahkout qui, rappelons-le, est placé sous mandat de dépôt avec son fils et ses deux frères dans l'affaire de l'usine de montage automobile de Tiaret, en l'occurrence Tahkout Manufacturing Company qui, par ailleurs, a mis la clé sous le paillasson à titre conservatoire. Abdelkader Benmessaoud n'est pas le seul ministre du gouvernement Bedoui à être convoqué dans l'affaire Tahkout. Il n'est pas non plus le seul ancien wali à être inquiété dans ce lourd dossier en cours d'instruction au niveau des tribunaux de Sidi M'hamed et de Rouiba. Par ailleurs, l'ex-ministre des Finances, Karim Djoudi, a été placé, hier, sous contrôle judiciaire avec l'obligation de se présenter une fois par mois devant le juge d'instruction près la Cour suprême. Le mis en cause a comparu dans l'affaire Ali Haddad pour abus et mauvais usage de sa fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d'indus avantages du temps où il occupait le poste de premier argentier du pays, c'est-à-dire de 2007 à 2014. Selon nos sources, l'audition a duré moins d'une heure avant que Karim Djoudi ne quitte la Cour suprême. Au mois de juin dernier, le prévenu avait comparu dans la même affaire et avait été placé sous contrôle judiciaire avec l'obligation de restituer ses deux passeports, ordinaire et diplomatique, dans le cadre d'une mesure judiciaire assortie de l'interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Le même sort avait été réservé à l'ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Amar Tou, qui, lui aussi, avait été placé sous contrôle judiciaire. Dans cette affaire, qui ne fait que commencer à révéler les dessous d'un scandale de grande corruption en Algérie du temps du président déchu Bouteflika, deux anciens Premier ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l'ancien ministre du Commerce et des Travaux publics, Amara Benyounès, ont été placés en détention provisoire et ont été incarcérés à la prison d'El-Harrach à Alger pour les mêmes chefs d'accusation. Seul l'ex-ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, a été placé sous contrôle judiciaire après avoir été auditionné dans des affaires liées à la corruption. Du reste, plusieurs walis devront défiler, dans les tout prochains jours, devant la Cour suprême, pour avoir indûment accordé des privilèges à l'ex-patron du Forum des chefs d'entreprise (FCE).