La presse libanaise a beaucoup spéculé sur la visite de trois anciens ministres en début de semaine à Riyad pour, officiellement, avoir le soutien financier du royaume des pétrodollars Les trois anciens chefs du gouvernement Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam se sont rendus en Arabie Saoudite en début de semaine, pour solliciter le soutien de Riyad au Premier ministre Saâd Hariri, à la veille d'un houleux débat au Parlement libanais sur le budget. Alors que le Liban vit une des pires crises financières depuis la fin de la guerre, et dans un contexte régional très instable, les trois anciens chefs du gouvernement ont envoyé un message de Djeddah dans lequel ils ont tenté de rassurer du soutien de Riyad un M. Hariri au règne plus que fragilisé. Revenant sur cette visite, le quotidien francophone L'Orient, Le Jour a rapporté que le roi Salmane a ainsi exprimé "le souci de l'Arabie Saoudite de préserver la sécurité et la stabilité du Liban, et l'importance de maintenir ce pays au sein de son environnement arabe", ajoutant que "Le souverain saoudien a affirmé que Riyad n'épargnera aucun effort pour protéger l'unité, la souveraineté et l'indépendance" du Liban, lit-on sur le site de ce journal proche de M. Hariri. "Personne ne peut faire sortir le Liban de son environnement arabe et c'est à partir de ce principe que l'Arabie va tendre la main au Liban", a déclaré par ailleurs M. Mikati, selon toujours L'Orient, Le Jour. "Dans sa forme, il s'agit d'une visite destinée à soutenir le Premier ministre Saâd Hariri et son pouvoir, ainsi qu'à obtenir le soutien de l'Arabie Saoudite et du Liban", écrit le quotidien de gauche Al-Akhbar, affirmant qu'"en réalité, il enfonce un nouveau clou dans le régime de M. Hariri, le plaçant à nouveau dans la position du parti sunnite le moins puissant, et en retour, il ne gagne pas un soutien saoudien". Autrement dit, Riyad n'accorde pas assez de confiance à Saâd Hariri pour défendre ses intérêts à Beyrouth, face à l'influence grandissante de l'Iran, grâce au Hezbollah (chiite) qui constitue à la fois une force politique importante au Liban, mais aussi une puissance militaire qui a humilié la puissante armée israélienne lors du conflit de 2006. L'épisode troublant de sa détention le 4 novembre 2017 par l'Arabie Saoudite à Riyad, d'où il avait déposé sa surprenante démission avant d'y renoncer après son retour au Liban le 21 du même mois, est toujours là. Pris en étau entre Riyad et les forces politiques libanaises, dont le Hezbollah, hostiles à l'Arabie Saoudite, Saâd Hariri ne sait plus sur quel pied danser. Et le royaume wahhabite ne désespère pas de voir Hariri défendre ses intérêts, même s'il s'en méfie. Mais le contexte économique actuel au Liban, la guerre politique interne et l'instabilité dans la région du Proche-Orient risquent de contrarier une nouvelle fois le plan de réimplantation de l'Arabie Saoudite dans le pays du Cèdre, où d'autres puissances tentent, elles aussi, de gagner davantage d'influence ou de sauvegarder le peu qui en reste.