Le torchon brûle entre les usagers et les transporteurs. Ces derniers sont revenus à la charge pour tenter d'augmenter les tarifs des transports en commun entre Arzew et Oran. Ce nouveau bras de fer qui risque de provoquer un mécontentement généralisé de la population, intervient à un moment où le secteur des transports est secoué par une série de grèves “illégales et injustifiées”, selon un responsable de la Direction des transports. Et pour aggraver une situation déjà compliquée, une centaine de jeunes propriétaires de Karsan ont “disparu de la circulation”, apprend-t-on à la direction de l'Ansej. En effet, neuf transporteurs, activant dans le cadre de l'emploi de jeunes, sont sur le point d'être déférés devant la justice, a indiqué un responsable de la direction de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej). “Ces transporteurs qui n'exercent plus leurs activités ont vendu leurs véhicules financés par l'Etat à des tierces personnes de façon illégale.” Les prêts accordés à ces “indus” transporteurs s'élèvent à plus de 3 milliards de centimes. Dans le même sillage et profitant de la récente grève des transporteurs urbains à Oran, les propriétaires de Karsan de la ligne Arzew-Oran ont décidé unilatéralement d'une augmentation de 25 à 35 dinars du ticket de transport, provoquant l'ire des citoyens. Des usagers, rencontrés au niveau de la station Ben-Boulaïd à Arzew, font part de leurs inquiétudes : “Rien ne justifie cette augmentation qui nous a pris de court.” “Les propriétaires des Karsan veulent profiter de la conjoncture actuelle pour revoir à la hausse le prix des transports. C'est une pratique indigne et qui n'a pas lieu d'être. Même les élus locaux nous laissent tomber”, ajoutent-ils au bord de la déprime. De l'avis des utilisateurs de la ligne Arzew-Oran, l'enjeu de ce bras de fer consiste à instaurer le monopole sur les transport à Arzew, “détenu par une poignée de personnes”. En effet, les transporteurs, qui exercent un monopole sans partage sur cet important axe routier à mi-chemin entre Oran et Mostaganem, n'en démordent pas. Ils brandissent la menace de la grève si l'augmentation de 35% n'est pas appliquée “dans un proche avenir”, selon l'aveu d'un propriétaire de Karsan. Au niveau de la Direction des transports à Oran, aucun responsable n'a voulu nous renseigner sur l'ampleur de cette situation. Mais, à en croire certains transporteurs, l'augmentation de 35% “se fera contre vents et marée et advienne que pourra, même sans l'aval de la Direction des transports” qui semble ainsi avouer son échec. “Nous ne sommes pas habilités à réguler les prix des transports qui sont une activité soumise à la loi de la concurrence”, affirme une source proche de la Direction des transports. Déplorant l'absence des transports publics, le vice-président de l'APC d'Arzew est on ne peut plus explicite : “Nous ne sommes ni pour ni contre l'augmentation des tarifs des transports. Encore faudrait-il que les transporteurs privés jouent franc jeu et ne poussent pas les citoyens à l'émeute comme la dernière fois. ” Pour information, plus d'un millier de citoyens en colère avaient bloqué l'entrée principale de la voie principale de la zone industrielle d'Arzew par des tonneaux, des pierres et des troncs d'arbre. Ils entendaient protester contre le laxisme des autorités locales à réguler le secteur des transports, livré aux “mains de quelques barons de la maffia locale”. Malgré un parc roulant de 400 taxis et 100 véhicules de transports en commun, la daïra d'Arzew ploie sous le poids de la forte demande des usagers, à l'instar de toute la wilaya d'Oran. Dans ce contexte, le secteur des transports enregistre des insuffisances au niveau de toutes les daïras où, en dépit de l'apport du secteur privé pratiquement déstructuré, il n'arrive plus à répondre aux besoins sans cesse croissants d'une population estimée à 2 millions d'habitants. En l'absence d'une organisation du secteur privé sur le terrain, l'apport du transport public communal est une nécessité que les citoyens appellent de leurs vœux. B. G.