Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed avait instruit, le 8 juillet dernier, les services de la Police judiciaire d'ouvrir une enquête préliminaire sur ces actes. Alors que la question des violences policières lors des manifestations contre le système et ses symboles est devenue une thématique politique et médiatique majeure, les enquêtes diligentées au début du mois en cours par le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) et par le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelkader Kara Bouhadba, sur les brutalités policières commises sur des manifestants lors du 20e vendredi de mobilisation tardent à rendre leurs conclusions. Même l'enquête ordonnée sur le jeune Ramzi Yettou, blessé lors des manifestations du vendredi et décédé le 12 avril dernier au CHU Mustapha-Pacha d'Alger, n'a pas, non plus, donné de résultats. La famille de la victime avait rejeté la thèse avancée par la DGSN, qui avait indiqué que l'origine de la blessure de Ramzi aurait été provoquée par la chute d'un camion. Aussi, aucune information sur les investigations de la DGSN sur l'usage de gaz lacrymogène dans le Tunnel des facultés d'Alger n'a été rendue publique, alors que plusieurs personnes, dont des enfants, étaient coincées à l'intérieur du tunnel, ce qui avait provoqué une panique générale, des malaises et fait des blessés. Devant la recrudescence de la répression et des brutalités policières, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed avait instruit, le 8 juillet dernier, les services de la Police judiciaire relevant de la Sûreté de la wilaya d'Alger d'ouvrir une enquête préliminaire sur ces actes. Il était précisé dans le communiqué du procureur qu'"en application des dispositions de l'article 11, alinéa 3, du code de procédure pénale, modifié et complété, et après avoir visionné une vidéo relayée sur les réseaux sociaux montrant des éléments de la police en train de frapper un individu en tenue civile, des instructions ont été adressées, le 6 juillet 2019 à 18h30, aux services de la Police judiciaire territorialement compétents à l'effet de nous fournir des informations détaillées sur ces faits". Un rapport préliminaire était parvenu le 7 juillet dernier, "suite auquel les services de la Police judiciaire relevant de la Sûreté de la wilaya d'Alger ont été instruits de diligenter une enquête préliminaire approfondie sur les faits montrés par la vidéo en s'assurant de leur véracité par le recours à des techniciens et d'identifier les auteurs après confirmation des conditions et des circonstances de l'incident", avait précisé le procureur. Bien avant, le patron de la DGSN, Abdelkader Kara Bouhadba, avait instruit l'Inspection générale de la Sûreté nationale (IGS) d'ouvrir une enquête quant à une vidéo montrant des policiers passer à tabac des manifestants, dont un jeune isolé a violemment été frappé, alors qu'il était déjà à terre. Le DGSN avait alors insisté sur l'impératif d'enquêter sur les faits et de situer les responsabilités, afin que toutes les mesures prévues par loi soient prises. D'autant plus que ces scènes de violence se sont déroulées alors que les Algériens célébraient le 57e anniversaire de l'indépendance du pays.