Réagissant à l'interpellation de plusieurs dizaines d'opposants au régime de Hosni Moubarak, un porte-parole du département d'Etat US a déclaré que les Etats-Unis s'inquiètent de “l'avenir des réformes” en Egypte. La féroce répression qui s'est abattue depuis quelques jours, notamment samedi dernier, contre les manifestants dans les rues du Caire, ne laisse aucun doute quant à la volonté de Hosni Moubarak de museler l'opposition, afin de s'assurer un cinquième mandat présidentiel. Cette démonstration de force a vidé de son sens son initiative d'organiser une élection présidentielle plurielle, au suffrage universel, estiment les observateurs. La manifestation de samedi est la seconde en deux mois à être aussi durement réprimée, après celle du 25 mai dernier. La violence et la brutalité, dont ont usé les forces de l'ordre pour réprimer les manifestations, ont fait réagir certains pays occidentaux, particulièrement les Etats-Unis. “Nous sommes gravement préoccupés par les informations faisant état de mauvais traitements et d'arrestations d'opposants, durant une manifestation samedi au Caire”, a affirmé lundi soir le porte-parole du département d'Etat américain, Tom Casey. “Les Egyptiens vont se rendre aux urnes à l'automne et il est clair que toute forme d'intimidation ou de harcèlement de groupes d'opposition serait incompatible avec des élections libres et équitables”, a ajouté le responsable US. Washington ne s'est pas arrêté au stade du constat, selon Tom Casey, qui a déclaré que les Etats-Unis ont “soulevé la question” avec le gouvernement égyptien. Pour clore son intervention, le porte-parole a réaffirmé l'inquiétude des Américains au sujet de ce qui se passe en Egypte. La répression contre les opposants “est grave et nous préoccupe, et nous allons l'évoquer, à la fois, ici publiquement et dans nos conversations privées avec les responsables égyptiens”, a-t-il insisté. Ces démarches viennent conforter les précédentes prises de position de la secrétaire d'Etat US aux Affaires étrangères, Condoleeza Rice. Cette dernière avait lancé un appel ferme, de l'université du Caire, en direction du régime de Hosni Moubarak à des réformes démocratiques au Proche-Orient, notamment en Egypte. “Nous nous inquiétons tous de l'avenir des réformes en Egypte, lorsque de pacifiques partisans de la démocratie, hommes et femmes, ne sont pas protégés de la violence”, avait-elle dit. En attendant le rendez-vous électoral du 7 septembre prochain, l'opposition égyptienne ne baisse pas les bras, en acculant dans ses derniers retranchements un pouvoir de plus en plus fragilisé. Craignant les mouvements d'opposition, le raïs durcit davantage son attitude, dans cette dernière ligne droite avant le scrutin présidentiel. La situation risque de dégénérer, à l'annonce des résultats des délibérations de la commission électorale sur les candidats officiellement retenus. K. ABDELKAMEL