Les Etats-Unis ont à nouveau exprimé leur “inquiétude réelle” face aux violences qui continuent d'entourer les élections législatives égyptiennes, marquées par une montée en puissance historique de la confrérie des Frères musulmans, interdite mais tolérée, et qui embrasse de larges courants en Egypte grâce à ses multiples associations caritatives qui pallient au recul spectaculaire de l'Etat dans la prise en charge des besoins élémentaires de la société et à son essaimage dans le mouvement syndical. Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a appelé le régime de Moubarak, l'un des alliés les plus fidèles des Etats-Unis dans le monde arabe, à s'assurer que le scrutin n'est pas entaché par des tactiques d'intimidation, des violences ou des arrestations d'opposants. “Ce sont des sujets d'inquiétude réelle. Nous avons discuté de ces inquiétudes avec le gouvernement égyptien. Nous avons évoqué ces inquiétudes en public”, a déclaré McCormack, réitérant une déclaration faite une semaine plus tôt, après la première phase de ces élections législatives et dont Le Caire n'a pas cru bon de respecter. Washington a beau rappeler qu'il est de la responsabilité des autorités égyptiennes de créer un climat dans lequel les gens peuvent exprimer leur volonté par la voix des urnes et sans qu'ils soient poussés par l'intimidation à voter dans un sens ou dans un autre, les élections en Egypte se sont déroulées sous le signe de la tricherie et dans la violence. Tant et si bien que mêmes des magistrats chargés de leur contrôle se sont vu dans l'obligation de dénoncer les violences du parti de Moubarak, pourtant assuré de remporter la majorité. Sans commenter les succès électoraux des Frères musulmans, qui ont annoncé avoir remporté 28 nouveaux sièges à l'issue de la deuxième phase du scrutin, s'imposant comme la principale force d'opposition face au parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND), le porte-parole américain devait souligner que la légitimité de toute démocratie en évolution est qu'elle donne à sa population confiance dans le fait que sa volonté exprimée par la voix des urnes se reflète dans les résultats des élections. Selon plusieurs sources, Washington aurait d'ores et déjà pris langue avec les Frères musulmans ! D. B.