Hier, Djameleddine Benchenouf, notre chef de bureau à Sétif, passait la nuit, pour la deuxième fois en l'espace de quelques jours, en cellule. Aujourd'hui aura lieu son procès où il devra répondre notamment du chef d'accusation d'“outrage à agents de police dans l'exercice de leurs fonctions”. Si nous nous solidarisons entièrement avec lui, ce n'est nullement parce que nous considérons qu'un journaliste est au-dessus des lois mais parce que ses droits de citoyen ont été bafoués. Agressé chez lui par un voisin qui prouvera plus tard qu'il jouit de “traitements particuliers”, notre journaliste ne savait pas qu'en répondant à l'agression verbale, il allait être embarqué manu militari par les policiers présents sur les lieux dix minutes après ! Sans lui donner le temps de parler ou de s'expliquer, les policiers, après avoir entendu le voisin, emmènent notre journaliste de force et l'enferment dans une geôle où il a passé la nuit avec pour “dîner” des insultes et des humiliations. Il est vrai qu'il a eu tort de connaître ses droits et de le montrer aux policiers. Le lendemain, il apprendra qu'il est également accusé d'“état d'ébriété publique et manifeste”. Ce qui est pour le moins curieux, notre journaliste ayant été agressé chez lui et embarqué de force. Convoqué hier par le procureur général, il a été mis sous mandat de dépôt comme un vulgaire criminel en prévision de son procès aujourd'hui. F. H. Communiqué de presse Notre confrère Djameleddine Benchenouf, chef de bureau régional du quotidien Liberté à Sétif, a été placé sous mandat de dépôt par le procureur du tribunal de Sétif hier pour outrage à agent dans l'exercice de ses fonctions et ce, lors d'une banale affaire de voisinage. Cette interpellation n'est en réalité qu'un règlement de comptes, inavoué visant à bâillonner et à museler certains titres de la presse indépendante trop encombrants, et dont ses représentants font l'objet quotidiennement de harcèlement et de menaces. Notre confrère comparaîtra aujourd'hui devant le juge, en compagnie des confrères du Soir d'Algérie et d'El Youm appelés à la barre pour de fictives affaires de diffamation. Les signataires : Le Quotidien d'Oran, El Watan, Akher Sâa, Le Soir d'Algérie, Liberté, El Youm, En Nasr, El Acil, El Massa, L'Authentique, L'Expression.