La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a condamné, hier, l'arrestation de Bachir Larabi, correspondant du quotidien arabophone El Khabar, condamné par défaut à un mois de prison ferme puis interpellé et mis sous mandat de dépôt dans la nuit du 21 janvier dernier sur ordre du président du tribunal de Naâma (Sud-Est algérien). “L'arrestation de M. Larabi est un moyen commode de le réduire au silence”, a déclaré Aidan White, secrétaire général de la FIJ. “Les autorités algériennes mettent une fois de plus en cause leur crédibilité : elles doivent au plus vite organiser un procès pour exposer les arguments leur permettant de jeter en prison un journaliste qui n'a fait que son travail”. Le détenu, dont l'état de santé ne cesse de se détériorer suite à la grève de la faim qu'il observe, est actuellement incarcéré à la prison de Aïn Sefra, une centaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Naâma. Il est poursuivi en justice pour diffamation suite à une plainte déposée par le président d'une association caritative, bénéficiaire du don d'un lot de terrain de 1 000 m2. “Le journaliste a tout simplement relevé dans un article, publié en 2003, que les autorités locales ne devaient pas signer une décision d'attribution d'un terrain au nom de la personne du président de cette association, alors que le don est en fait destiné à l'association elle-même”, a indiqué Mahmoud Belhimer, rédacteur en chef adjoint du quotidien El Khabar. “M. Larabi, qui n'a cessé de subir un harcèlement de la part de quelques responsables locaux, a fourni un dossier à la justice prouvant la véracité de l'information qu'il a révélée”. Les déboires du journal El Khabar ne s'arrêtent pas là. Le procureur de la République de la ville d'Oran a requis, hier, une double peine de trois mois de prison ferme à l'encontre de son directeur Ali Djerri et du responsable du bureau local Lahcène Bourbia. 18 journalistes ont été condamnés à la prison ferme par la justice algérienne au cours de la seule année 2005. Il s'agit de Farid Alilat (1 année) ; Fouad Boughanem (1 année) ; Sid-Ahmed Sémiane (1 année) ; Kamel Amarni (1 année) ; Ali Dilem (1 année) ; Malika Boussouf (6 mois) ; Hakim Laâlam (6 mois) ; Nacer Belhadjoudja (6 mois) ; Mohamed Benchicou (5 mois et en prison depuis 2004) ; Yasmine Ferroukhi (3 mois) ; Youcef Rezzoug (3 mois) ; Djameleddine Benchenouf (3 mois) ; Abla Chérif (2 mois) ; Badis Massaoui (2 mois) ; Hassane Zerrouki (2 mois) ; Ghanem Khemis (2 mois) ; Abdelkader Djemaâ (2 mois) ; Abder Bettache (2 mois). Des dizaines d'autres journalistes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. Le 13 novembre 2005, le tribunal de Mostaganem a, notamment condamné quatre correspondants de presse à des peines allant de 3 à 6 mois. “La justice algérienne place les quelques voix indépendantes sous une véritable épée de Damoclès”, a déclaré Aidan White. “Les journalistes sont personnellement mis en cause par tout l'appareil d'Etat, et la survie des journaux est menacée par des amendes systématiques utilisées comme moyen d'intimidation”. La Fédération internationale des journalistes suit avec beaucoup d'inquiétude l'évolution de la santé des deux journalistes emprisonnés. Elle appelle la communauté internationale à agir avec force contre ces menaces inacceptables sur la liberté d'expression en Algérie.