Le défunt président tunisien sera enterré aujourd'hui et aura droit à des funérailles nationales pour lui rendre hommage. La Tunisie tiendra son élection présidentielle anticipée le 15 septembre, suite au décès du président de la République, Béji Caïd Essesbsi, jeudi à l'hôpital militaire de Tunisie, a annoncé le jour même Nabil Baffoun, président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). La machine électorale a été déjà mise en branle, avec la publication hier des formulaires réservés aux parrainages des candidats à cette présidentielle, initialement prévue pour le 17 novembre prochain. Mais la date du 15 septembre n'est pas définitive pour le moment. Décédé jeudi à l'âge de 92 ans, le défunt président tunisien était dans les rouages du pouvoir et de l'exercice politique depuis presque 70 ans. Ministre de l'Intérieur, puis de la Défense et des Affaires étrangères sous le règne de Habib Bourguiba, il a eu à assurer entre autres aussi la fonction de président de l'Assemblée nationale durant un an au début des années 1990. Au lendemain de la chute de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, il est désigné au poste de Premier ministre en 2011 pour neuf mois, avant de lancer son propre parti Nidaa Tounès en juin 2012. Ce parti qui se réclame héritier du "bourguisme" est au cœur d'une lutte intestine, dans laquelle est impliqué le propre fils du défunt président, Hafedh Caïd Essebsi. Avec la disparition de son fondateur, Nidaa Tounès risque de ne pas lui survivre. L'actuel Premier ministre, Youssef Chahed, était considéré comme le dauphin de Béji Caïd Essebi, avant son divorce avec ce parti, en raison du conflit qui l'a opposé à son parrain concernant son alliance avec le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi. Ennahdha est membre de la coalition gouvernementale avec Chahed, après avoir été l'allié de Nidaa Tounès entre 2015 et 2016. Ces dernières semaines, le défunt président a eu deux malaises qui l'ont contraint à s'éloigner quelques jours des arcanes du pouvoir et à raviver la lutte pour le pouvoir. La semaine dernière, il a refusé de ratifier la loi controversée sur loi électorale qui a été votée par le Parlement dominé par la nouvelle alliance formée par Ennahdha et la coalition nationale, issue d'une démission massive des députés de Nidaa Tounès qui soutiennent Youssef Chahed. Le décès d'Essebsi intervient dans un moment délicat pour la Tunisie, où les cartes seront de nouveau redistribuées. Cela profiterait probablement à l'actuel Premier ministre, probable candidat à cette élection anticipée, en l'absence d'un candidat d'Ennahdha et d'un rival de poids que Nidaa Tounès peine à avoir. En attendant, le président du Parlement Mohamed Ennaceur va assurer l'intérim entre 45 et 90 jours, dans une Tunisie en crise socioéconomique et sécuritaire, sans oublier le climat d'instabilité régnant en Libye voisine et qui menace directement sa sécurité. L'élection présidentielle était initialement prévue le 17 novembre, après les élections législatives du 6 octobre.