Le royaume de Bahreïn a procédé, hier, à l'exécution par balle de trois hommes, dont deux jeunes chiites condamnés à mort pour des actes "terroristes" ayant causé la mort d'un policier, en dépit d'appels à la clémence de défenseurs des droits humains. L'annonce a été faite par le procureur général du royaume de Bahreïn, Ahmed al-Hammadi, qui n'a pas précisé les noms des deux suppliciés dans son communiqué. Deux des trois hommes exécutés sont des chiites, selon des sources judiciaires de ce royaume dirigé par une dynastie sunnite, et dont la majorité de la population est chiite. Ils ont été identifiés comme Ali al-Arab, 25 ans, et Ahmad al-Malali, 24 ans, par des organisations de défense des droits humains. La troisième personne, condamnée à mort dans une affaire séparée de meurtre, a été exécutée en même temps, selon le procureur de Bahreïn. Situé entre l'Arabie Saoudite et l'Iran — deux puissances rivales —, Bahreïn a connu des années de troubles avec les protestations des chiites qui réclamaient une véritable monarchie constitutionnelle. La répression a été forte : tous les groupes d'opposition ont été interdits, des centaines de manifestants ont été emprisonnés et près de 1 000 personnes ont été déchus de leur nationalité, selon les groupes de défense des droits humains. Dès vendredi, l'ONG Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD), basée à Londres, a alerté sur leur probable exécution. Commentant hier leur mise à mort, Sayed Ahmed Alwadaei, directeur de l'ONG, a estimé que "ces exécutions marquent l'un des jours les plus sombres de l'histoire de Bahreïn". "Ali et Ahmed ont été brutalement torturés et contraints de signer de faux aveux", a-t-il assuré. Vendredi, d'autres organisations de défense des droits humains ont appelé les autorités de Bahreïn à ne pas procéder à l'exécution, en faisant valoir que les procédures légales n'ont pas été respectées. Le "procès a été entaché de graves violations des procédures légales", a regretté l'ONG Human Rights Watch (HRW). De son côté, Amnesty International a affirmé, dans un communiqué publié vendredi, que "pendant leur détention, les deux hommes ont été torturés par des agents de sécurité, notamment par des chocs électriques et des coups". "Les ongles des orteils d'Ali al-Arab ont également été arrachés", accuse l'ONG. Dans une affaire similaire, Bahreïn avait exécuté en janvier 2017 trois chiites qui ont été condamnés à mort pour un attentat à la bombe le 3 mars 2014 qui a tué trois policiers, dont un officier émirati, et blessé 13 autres. R. I./Agences