Tout un symbole ! Le Conseil souverain prendra ses fonction le 18 août, au lendemain du début du procès pour corruption, du président Omar al-Béchir, destitué et arrêté par l'armée, le 11 avril sous la pression de la rue. L'accord sur la déclaration constitutionnelle qui est venu depuis samedi compléter l'accord initial signé entre l'opposition et le Conseil militaire, le 17 juillet, met assurément le Soudan sur la bonne voie. Le transfert du pouvoir aux civils sera effectif d'ici deux semaines. Les deux parties signataires de l'accord, hier, ont convenu de former le 18 août l'instance dirigeante chargée de mener la transition politique, a déclaré hier, un des chefs de la contestation. Monzer Abou al-Maali, cité par des médias, a fait savoir dans le détail que "les membres du Conseil souverain seront désignés le 18 août, le Premier ministre le 20 août et les membres du gouvernement le 28 août". La date choisie pour la mise en place du nouveau "Conseil souverain", où les civils auront la majorité, ne semble pas anodine. Et pour cause, le Conseil souverain prendra ses fonctions au lendemain du début du procès pour corruption, du président Omar al-Béchir, destitué et arrêté par l'armée, le 11 avril sous la pression de la rue. Tout un symbole ! Hier, des dizaines de Soudanais étaient rassemblés à l'extérieur du bâtiment où a eu lieu la cérémonie pour parapher cet accord. "Notre gouvernement sera enfin civil", "La révolution a fini par payer", chantaient des citoyens, ont rapporté des médias soudanais sur place. Plusieurs partis politiques ont également fait part de leur satisfaction après cet accord, historique d'après eux. L'instance dirigeante, appelée Conseil souverain et composée de cinq militaires et de six civils, sera chargée de mener, avec un Parlement, la transition pendant un peu plus de trois ans, selon les termes de la déclaration politique convenue entre les deux parties le 17 juillet. Samedi, le médiateur de l'Union africaine Mohamed El Hacen Lebatt avait déclaré que "les deux délégations sont tombées pleinement d'accord sur la déclaration constitutionnelle". Les négociations sur cet accord ont duré deux jours sous l'égide de l'UA. "Nous avons tourné une page de l'histoire du Soudan en paraphant cet accord", a déclaré hier, Mohammed Hamdan Daglo, le numéro deux du Conseil militaire, au pouvoir depuis la mise à l'écart de M. Béchir, et chef des redoutés paramilitaires des Forces de réaction rapide (RSF). L'accord global soudanais a été obtenu après de longues et difficiles négociations entre les deux parties. Le mouvement de protestation était né le 19 décembre quand des milliers de Soudanais étaient descendus dans les rues pour protester contre le triplement du prix du pain. Mais les manifestations s'étaient rapidement transformées en contestation du pouvoir d'Omar al-Béchir. Elles ont continué après le départ de ce dernier, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la protestation, réclamant l'instauration d'un pouvoir civil aux militaires ayant pris le pouvoir. Plus de 250 personnes sont mortes lors de la répression des manifestations, dont au moins 127 lors de la dispersion le 3 juin d'un sit-in devant le siège de l'armée à Khartoum, selon un comité de médecins proche des protestataires. Pilier du régime Béchir, avant de contribuer à sa chute, les RSF de M. Daglo ont été accusées d'être impliquées dans la répression du sit-in, ce que leur chef nie.