Après un long mutisme qui a laissé place à nombre de spéculations et interprétations, le milieu de terrain international Daoud Sofiane, de retour au pays, a “choisi” “Liberté” et “Le Buteur” pour se confier en exclusivité. Liberté : Sofiane, confirmez-vous avoir officiellement opté pour le club émirati de Nadi Dubaï ? Daoud Sofiane : Absolument. Je me suis officiellement engagé pour une saison, c'est-à-dire huit mois avec Nadi Dubaï. J'ai signé juste avant mon retour au pays, hier lundi (ndlr : entretien réalisé mardi soir). J'ai d'ailleurs le double de mon contrat à la maison. Vous aviez pourtant affirmé que vous resterez au MCO. Vous avez même entrepris une série de contacts avec des joueurs et un entraîneur pour renforcer l'équipe. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? À vrai dire, tout. Au départ, je ne voulais absolument pas quitter le MCO et cela, en dépit des offres mirobolantes des autres clubs. Comme vous venez de le signaler, j'ai même tenté d'aider les dirigeants en essayant de renforcer l'équipe. Mais j'ai constaté une mauvaise foi chez eux. Ils ne sont pas honnêtes et ne l'ont pas été avec moi. Ils n'ont même pas pu finaliser avec un entraîneur de renom qui a pourtant fait d'énormes concessions sur le plan financier qu'aucun autre ne ferait à sa place. De plus, ils ont libéré plus de 20 très bons joueurs, sans pour autant les remplacer, prétextant, à chaque fois, quelque chose. Ce n'est pas cela le MCO. Moi, cela me fait très mal au cœur de voir le grand Mouloudia dans cet état. Je leur ai d'ailleurs dit en face : “vous ne faites rien. Et vous n'avez rien fait de bien” (il s'énerve). Vous trouvez normal qu'un club comme le MCO se retrouve avec tout un effectif et un staff technique sans le moindre sou, de facto, à l'étranger. Et bien cela s'est passé lors du voyage au Cameroun en Coupe d'Afrique, au cours de notre escale à Paris. On s'est retrouvé avec tous les secrétaires du club sans ressources financières. Il aura fallu que chaque joueur paye de sa poche le ticket du bus. Désolé, mais je ne peux plus tolérer cela. Si je reste, c'est comme si j'approuvais la politique des actuels dirigeants. or, ce n'est pas le cas, j'ai essayé de faire l'impossible pour restructurer cette équipe, mais les dirigeants ne m'ont pas vraiment aidé. Moi, je suis un homme de parole et à principes. je ne marche pas avec les mensonges et les promesses non tenues. Comme je subissais trop de pression, j'ai décidé de profiter de l'invitation que m'a faite ce club émirati pour me rendre là-bas avec, comme seul objectif, me reposer moralement sans pour autant signer. Cela ne s'est, apparemment, pas passé comme vous l'aviez prévu… Effectivement. Arrivé aux Emirats, j'ai reçu, outre l'invitation de Nadi Dubaï, trois autres propositions, à savoir de Nadi Ech-Chaâb, d'Al Aïn et d'Ech-Charika. Comme je ne voulais pas signer, j'ai décliné toutes leurs propositions. Nadi Dubaï, par l'intermédiaire d'un Algérien qui occupe le poste d'entraîneur des jeunes catégories, s'est fait le plus pressant. Moi, comme j'avais décidé de ne pas rester à Dubaï, j'ai essayé de les dissuader en fixant la barre trop haut. Nadi Dubaï, qui m'avait fait une première offre intéressante, est revenu à la charge avec comme moyen supplémentaire cette fois-ci une sorte de chantage, puisque ledit Algérien qui était derrière ma venue est venu me voir en m'affirmant que le cheikh qui préside ce club lui a signifié qu'il perdrait son poste si je ne signerais pas. J'ai été révolté par cette attitude et je l'ai fait savoir directement à ce grand cheikh. Comme jamais personne n'avait osé le défier et lui parler sur ce ton avant moi, il a été séduit par ma franchise et mon comportement. Il m'a alors tout de suite affirmé que c'était juste pour me convaincre et que la contre-proposition que j'avais fait pour les décourager avait été acceptée. Là, je n'ai trouvé plus rien à redire. Ils ont ensuite été aux petits soins avec moi. Ils avaient accepté toutes mes conditions. J'avais beau vouloir chercher n'importe quelle excuse pour ne pas signer, je n'en ai pas trouvé. Donc, outre le comateux état dans lequel se trouve le MCO, il y a également le volet financier qui vous a incité à partir. On parle justement d'un montant de 200 000 dollars… Vous me connaissez, je n'aime pas parler argent. Je peux toutefois vous confier que c'est bien plus. Beaucoup plus même. Figurez-vous que la prime de match est fixée à 6 000 dollars et la prime d'accession à la première division a été fixée à 70 000 dollars pour chaque joueur. C'est dire que de ce côté, je n'ai pas à me plaindre. Cela sans parler du logement et de la voiture. À mon âge (30 ans), je dois pensez à mon avenir. En apprenant votre départ, les supporters mouloudéens, qui vous ont triomphalement accueilli lundi à la séance d'entraînement, seront certainement déçus et terriblement affectés… (Les larmes aux yeux). Que voulez-vous que je vous dise… Je ne les remercierai jamais assez. Si je voulais rester au MCO, c'était uniquement pour eux. Mais cela me met hors de moi en constatant que cette équipe risque de décevoir ses nombreux supporters. Ils méritent beaucoup mieux. Pour revenir à ma présence le lundi aux entraînements, je vous jure que je ne voulais pas y aller, c'est le secrétaire général du club, que j'ai trouvé avec les dirigeants à l'aéroport à mon arrivée le lundi à 17h30, qui m'a fait promettre de prendre part à ladite séance. Comme je suis un homme de parole, j'ai respecté la mienne. Mais je vous assure que si j'avais su qu'un tel public m'attendait, je n'aurais jamais mis les pieds au complexe. Que ce merveilleux public m'excuse. Mais peut-être que mon départ arrangera les choses… (Il marque un temps d'arrêt). Oui, j'espère que cela arrivera, que ces dirigeants partent, peut-être, pour laisser la place à d'autres, plus sérieux et plus compétents. Je l'espère, car j'ai peur pour cette équipe, pour ce club. Il ne faut pas se voiler la face, avec un tel effectif, sans entraîneur et de tels responsables, le pire est à craindre… A. Karim