Le mandat émis par le parquet du tribunal militaire de Blida concerne également Lotfi Nezzar, fils de l'ancien ministre de la Défense nationale, et le président de la Société algérienne de pharmacie, considéré comme un de ses proches. L'information a été diffusée hier, vers midi, par la télévision publique : le parquet du tribunal militaire de Blida a émis des mandats d'arrêt internationaux contre l'ancien chef d'état-major de l'Armée nationale (1988-1990) puis ministre de la Défense nationale (1990-1993), le général à la retraite Khaled Nezzar, son fils Lotfi, gérant de la société Smart Link Com (SLC), et le président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), Farid Benhamdine. Les trois hommes sont accusés de "complot" et d'"atteinte à l'ordre public". Ils tombent, de ce fait, sous le coup des articles 77 et 78 du code pénal et de l'article 284 du code de justice militaire. Ils encourent, en conséquence, de 5 à 20 ans de réclusion, voire la peine de mort. Farid Benhamdine serait poursuivi pour le rôle d'intermédiaire qu'il aurait joué entre le général à la retraite et Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président déchu, incarcéré pour des chefs d'inculpation similaires depuis le 5 mai dernier. Il y a quelque temps, la mise en accusation de Khaled Nezzar aurait été étonnante dès lors qu'il avait pris position publiquement en faveur de l'incarcération de Saïd Bouteflika, arrêté en même temps que les deux anciens patrons du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) les généraux Mohamed Mediène, dit Toufik, et Bachir Tartag. À la fin du mois d'avril, il a publié dans Algérie patriotique, un site électronique appartenant à son fils, une contribution dans laquelle il révélait des contacts qu'il avait eus, quelques heures avant la démission d'Abdelaziz Bouteflika, avec le frère de celui-ci, Saïd Bouteflika, qui lui aurait fait part de ses intentions de décréter l'état d'urgence ou l'état d'exception et de destituer le chef d'état-major de l'armée qui plaidait alors pour l'application de l'article 102 de la Constitution pour démettre le chef de l'Etat incapable d'assumer les charges liées à sa fonction pour cause de maladie grave et durable. Khaled Nezzar a tenu à souligner qu'il l'en avait dissuadé. Contre toute attente, à la mi-juillet, l'ancien ministre de la Défense nationale a utilisé le réseau social Twitter pour s'en prendre frontalement au chef d'état-major Gaïd Salah. Il avait pris, auparavant, le soin de s'exiler en Espagne. Dans l'un de ses tweets, il avait annoncé, d'ailleurs, son arrestation aussitôt qu'il foulerait le sol algérien. Il avait alors affirmé qu'il ne rentrerait au pays qu'une fois "la situation normalisée et seulement lorsqu'un président sera élu démocratiquement". C'était le 26 juillet. Khaled Nezzar n'est pas un enfant de chœur. Loin s'en faut. Il n'a certainement pas prôné une attitude offensive s'il n'avait pas assuré ses arrières, de telle manière à ne pas se retrouver en prison, dépourvu de sa force de frappe. Risque-t-il une extradition depuis l'Espagne après ce mandat d'arrêt international ? Une chose est sûre : la procédure risque d'être longue, très longue même. Au mois de mars 2019, l'Algérie et l'Espagne ont signé un mémorandum d'entente dans le domaine judiciaire, pour appuyer la Convention (décret présidentiel n°06-64 paru au Journal officiel n°8 du 15 février 2006) liant les deux Etats en matière de coopération dans les domaines civil, commercial et pénal et extradition des criminels. Les clauses de cette convention sont-elles étendues aux accusations portées contre Khaled Nezzar, son fils et le président de la SAP ? Et, surtout, le fait que ce mandat soit lancé par la justice militaire risque de rendre encore plus complexe la procédure d'extradition.