Hier encore, tous les slogans et mots d'ordre scandés étaient dirigés contre le dialogue initié par le pouvoir dans la perspective d'une élection présidentielle appuyée par le pouvoir, mais aussi contre "la solution constitutionnelle" telle que voulue par le chef d'état-major de l'armée. La semaine caniculaire marquée par des incendies et des feux de forêt ininterrompus, depuis le jeudi 1er août, n'a pas influé sur la détermination des Constantinois à maintenir le cap avec les marches populaires contre le système politique en place, pour le 25e vendredi consécutif depuis le 22 février dernier. Intacte, leur résolution d'en découdre avec les résidus du règne du clan Bouteflika n'a pas fléchi d'un iota en s'en prenant depuis plusieurs semaines déjà au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qu'ils accusent ouvertement d'agir dans le sens du parachèvement de la feuille de route déjà tracée par le président congédié par la peuple. Hier encore, tous les slogans, mots d'ordre et chants étaient hostiles à Gaïd Salah dont l'intervention prononcée la veille semble avoir attisé davantage le courroux des "hirakistes" qui ne reconnaissent ni le dialogue initié par le pouvoir, ni la perspective d'une élection présidentielle appuyée par le pouvoir en place, ni encore moins la solution constitutionnelle telle que voulue par le chef d'état-major de l'armée. Pour Nourredine Boulaâssel, militant démocrate de longue date, "ce panel, sorti de nulle part (…), n'est nullement représentatif et ne peut se prévaloir d'une quelconque légitimité". Il s'agit, pour lui, de désignations opérées "par un pouvoir illégitime avec, bien évidemment, l'aval de Gaïd Salah qui a certainement opposé son veto quant au choix d'autres personnalités". Aussi, pestera-t-il, "il est hors de question qu'on nous dise qu'ils ont été choisis par le hirak, ni eux ni les pseudoreprésentants qu'ils reçoivent !". La question que l'on doit se poser à présent, selon Nourredine Boulaâssel, est celle de connaître la mission réelle de ce panel, "à savoir préparer et mettre en place une commission de surveillance et/ou d'organiser l'élection présidentielle. Seulement, nous ne sommes pas concernés par cette échéance en tant que mouvement populaire. Le peuple n'est pas sorti pour revendiquer l'organisation d'une élection présidentielle, mais pour faire dégager le système politique". Et de poursuivre : "Cette histoire de panel n'est autre qu'une diversion de plus pour aller vers une élection présidentielle. Une perspective qui constitue la seule feuille de route sur laquelle s'appuie Gaïd Salah." S'agissant du dernier discours de Gaïd Salah, notamment lorsqu'il suggère la démarcation des partis de l'ex-alliance présidentielle, notre interlocuteur estimera qu'"il fallait bien que Gaïd Salah fasse la concession en se délestant du poids des partis de l'alliance dite présidentielle qui ont réussi à mon sens un exploit, celui de faire l'unanimité contre eux, à moins qu'il ne veuille pas se mettre à dos toute la population (Gaïd Salah, ndlr)".