Pékin, qui a menacé à plusieurs reprises de recourir à la force contre les manifestants si la situation l'exigeait, a affirmé voir dans cette contestation "les premiers signes de terrorisme". Plus de 5000 manifestants ont envahi l'aéroport international de Hong Kong hier, alors que les vols au départ et à l'arrivée devant avoir lieu dans la journée ont été tous annulés, "à l'exception des vols au départ dont l'enregistrement est terminé et des vols à l'arrivée qui sont déjà en route pour Hong Kong" a précisé l'autorité portuaire dans un communiqué. Les manifestants ont occupé le hall pour protester contre les violences policières commises dans le cadre de la mobilisation sans précédent qui embrase l'ex-colonie britannique. "D'après l'information que l'on m'a communiquée (...) 5 000 manifestants se trouvaient dans l'enceinte du terminal", a indiqué Kong Wing-cheung, un responsable des relations publiques de la police. M. Wing a précisé que les autorités aéroportuaires, et non la police, avaient autorisé le rassemblement des manifestants dans les halls d'arrivée, mais les a accusés de bloquer les départs. Une décision exceptionnelle et pour le moins surprenante pour un aéroport aussi important que celui de Hong Kong, connu et reconnu pour son efficacité, et qui s'avère être le huitième aéroport international le plus fréquenté au monde. Comme à chaque manifestation, la réaction de la Chine n'a pas tardé. Survenue 10 minutes après la décision des autorités portuaires de fermer l'aéroport, elle a affirmé voir dans cette contestation pacifique qui a lieu dans sa région semi-autonome "les premiers signes de terrorisme". Sous pression, Pékin qui a déjà menacé de recourir à la force a augmenté d'un cran son agressivité. "Ceux qui jouent avec le feu périront par le feu", a averti récemment le porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao. Les manifestants ont vu leur nombre augmenter hier après dix week-ends consécutifs de mobilisation dans le territoire, qui a de nouveau été émaillée de graves violences entre radicaux et forces de l'ordre. Toute cette brutalité a nourri la colère et le sentiment d'injustice de ces manifestants pacifiques. Un responsable du gouvernement hongkongais a annoncé que 45 personnes avaient été blessées dans les affrontements, dont deux dans un état grave. Des photos et des vidéos publiées par le site Hong Kong Free Press montrent notamment certains hommes déguisés en manifestants en train d'aider la police anti-émeute à réprimer violemment les manifestants. Patrick Poon, chercheur à Amnesty International a dénoncé sur Twitter les violences que subissent les manifestants dues à un "usage excessif de la force par les policiers", les qualifiant de "scandaleuses". Dès vendredi dernier, les manifestants prodémocratie ont entamé un sit-in à l'aéroport et ont accueilli dans le calme les voyageurs qu'ils veulent sensibiliser à leur cause, tout en s'excusant de la gêne occasionnée. Cette action s'est poursuivie samedi et dimanche. Les manifestants se sont engagés à poursuivre leur mouvement jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites. Ils demandent notamment la démission de la cheffe contestée de l'exécutif hongkongais Carrie Lam, une enquête indépendante sur l'action de la police, une amnistie pour les personnes arrêtées, le retrait définitif du projet de loi controversé, actuellement suspendu, ou encore l'avènement du suffrage universel dans le territoire semi-autonome. Carrie Lam a déclaré lors d'une conférence de presse qu'elle n'était pas prête "à faire des concessions dans le but de faire taire les manifestants auteurs de violences".