De la pure rhétorique creuse qui renvoie en dernier ressort à l'incapacité structurelle de la quasi-totalité des régimes africains à accepter un ordre constitutionnel qui passe par la voie des urnes. Un comité qui s'attribue à bon compte le qualificatif de “révolutionnaire” a déposé hier le président mauritanien Ould Taya, qui tombe, cette fois-ci, pour de vrai après avoir déjoué une multitude de coups d'Etat. Les artisans du putsch, pour justifier leur action, ont eu recours à la turlutaine classique qui consiste à faire accroire qu'ils ont agi par souci de “mettre fin aux pratiques totalitaires et aux dérives dangereuses du régime”. Un discours passe-partout, dont personne n'est dupe au demeurant, qui peut avoir l'adhésion du bon peuple opprimé par le régime déchu, lui-même issu originellement d'un coup de force, habillé a posteriori par une parodie d'élection. Cependant l'expression de joie des mauritaniens, relevée hier par les correspondants des agences étrangères à Nouakchott, va progressivement céder la place à la désillusion qui viendra à mesure que le nouveau régime prendra ses marques et renforcera ses positions en faisant miroiter la perspective d'un “jeu démocratique ouvert et transparent”. De la pure rhétorique creuse qui renvoie en dernier ressort à l'incapacité structurelle de la quasi-totalité des régimes africains à accepter un ordre constitutionnel qui passe par la voie des urnes. Cette conception du pouvoir, qui fait du peuple le souverain, constitue en fait un stade d'évolution culturelle de l'humanité auquel l'Afrique et le monde arabe n'ont pas encore accès. En d'autres termes, la révolution démocratique restera au stade du pieux mensonge tant que les pays de l'Afrique en particulier n'auront pas trouvé les modalités qui disqualifieraient à jamais l'ordre en kaki. Et ce n'est ni les résolutions de l'Union africaine, qui a pourtant décidé solennellement de ne pas reconnaître les régimes issus des coups d'Etat, ni les pressions de l'Europe et de l'Amérique qui changeront grand-chose à cette situation qui fait du continent africain un éternel quémandeur de l'aide humanitaire. N. S.