Le ministre de l'Energie et des Mines a expliqué, jeudi, à Oran que la décision de suspension de 24 cadres de Sonatrach n'a pas été prise à la légère et que ces derniers ont fait des choses qui ne sont pas forcément légales. Venu à Oran ce jeudi pour inspecter des projets en voie d'achèvement au niveau du pôle pétrochimique d'Arzew, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a tenu à faire un point de presse au terme de cette visite. Et comme il fallait s'y attendre, la récente affaire des cadres de Sonatrach suspendus a été le point le plus important abordé lors de cette conférence. En effet, refusant, au départ, de se prononcer sur le contenu de l'affaire, qui est entre les mains de la justice, le ministre de l'Energie et des Mines aura néanmoins une petite phrase qui en dira long sur un dossier volumineux et des plus troubles : “Ces cadres ont été suspendus pour des raisons bien claires ! Des gens font des choses qui ne sont pas forcément légales, et ce n'est pas à la légère que j'ai pris cette décision (suspension des cadres, ndlr), des enquêtes ont été faites pas seulement en Algérie…”. Et de poursuivre : “Cela a été une décision difficile mais les cadres ont des responsabilités… Le syndicat et d'autres peuvent s'exprimer sur cette affaire mais personne n'a les informations que j'ai... Je me dois de protéger mon secteur !” Paraissant plus que gêné en abordant ce sujet, le ministre de l'Energie et des Mines n'est pas sans ignorer que l'éclatement de cette affaire devrait révéler certaines pratiques ayant court au sein du groupe de Sonatrach quant aux choix des fournisseurs et des partenaires, mais qu'elle amène également à s'interroger quant au nouveau processus des avis d'appels d'offres tel que défini dans la loi sur les hydrocarbures et qui a été appliqué bien avant la promulgation de ladite loi. Des failles apparaissent déjà à l'évidence puisque c'est sur cette question des passations de marchés que les 24 cadres de la Sonatrach ont été suspendus, qui sont toujours au poste mais sans pouvoir décisionnel. Interrogé également sur les privatisations dans son secteur et sur l'éventualité d'une privatisation de Sonatrach, Chakib Khelil lâchera tout sourire : “On privatise si l'on a besoin d‘argent, Sonatrach appartient à l'Etat et elle est inondée d'argent. L'Etat est aussi inondé d'argent.” En revanche, le ministre se félicitera de la privatisation d'Asmidal qui a permis à Fertiberia, dira-t-il, d'apporter un plus dans les investissements, une meilleure gestion et une meilleure maîtrise des questions environnementales et de préciser : “Nous pouvons, sur la question de la pollution, mieux contrôler Fertiberia que les entreprises publiques.” Durant sa conférence de presse, le ministre reviendra longuement sur les raisons qui obligent Sonelgaz à avoir recours au délestage. Avançant les mêmes arguments que le P-DG de l'entreprise nationale, l'intervenant abordera plus longuement le cas de la centrale de Mers El-Hadjadj, l'une de ses haltes lors de sa visite. En effet, durant le mois de juillet, tout l'ouest du pays a connu une panne d'électricité durant plusieurs heures. Les explications fournies au ministre pour cet incident faisaient état de problèmes de pollution due aux algues et le taux d'humidité élevé. Chakib Khelil découvrira encore que le problème de maintenance des équipements de cette centrale est souvent la cause des pannes. La production d'électricité par la société Kahrama de la station de dessalement soulagera la centrale de Mers El-Hadjadj qui pourra ainsi appliquer son programme de rénovation nécessitant l'arrêt de plusieurs groupes. Auparavant, la visite de Chakib Khelil l'amènera successivement à inspecter les installations de la station de dessalement de mer Kahrama qui devrait, à compter du 28 août, livrer 30 000 m3/j à la ville d'Oran. La capacité globale de production d'eau étant de 90 000 m3/j. À noter que la société sud-africaine Black and Veatch, partenaire dans la société Kahrama ne détient que 5% des actions contre 70% au départ du projet. Le ministre de l'Energie et des Mines se rendra ensuite sur le site du futur complexe intégré de GNL-Gassi Touil pour une capacité de production de 4 millions de t/an GNL. Ce projet est le résultat d'une association entre l'espagnol Repsol Gaz Natural et la Sonatrach, Repsol détenant 85% des actions et la Sonatrach 20%. Quant à l'unité d'urée de Fertalge, le ministre dira son insatisfaction des retards considérables enregistrés dans les travaux de réalisation et l'utilisation de 2 chaudières usagées ! Allant même jusqu'à sommer le représentant de la société d'achever le projet avant la fin de l'année. Projet GNL intégré Arzew-Gassi Touil 4 millions de t/an et des perspectives Le projet GNL intégré Gassi Touil verra la réalisation de l'unité de liquéfaction au niveau de la zone industrielle d'Arzew, plus précisément à l'est de la station de dessalement Kahrama, avec comme date du premier gaz octobre 2009. La capacité de production de l'unité est de 4 millions de t/an de GNL, de GPL réfrigéré et de gazoline. La charge d'alimentation en gaz naturel se fera à partir du champ de Gassi Touil. C'est en partenariat avec le consortium espagnol Repsol/Gas natural (80% des actions), chargé de la recherche et du développement en amont, que la Sonatrach assurera le transport du gaz à liquéfier. Le projet de l'unité prévoit au départ la construction d'un train avec des possibilités d'extension à un second train ; dans cette perspective, la Sonatrach envisage la construction d'une 7e jetée pour assurer l'enlèvement de 8 millions de t/an. Le ministre Chakib Khelil, qui est en visite d'inspection ce jeudi à Arzew, a été sollicité dans ce sens pour faciliter les démarches et les autorisations qui s'avéreront nécessaires à la société qui aura à réaliser et à gérer l'unité de liquéfaction. À noter que le site d'implantation de l'unité nécessitera des mesures d'urgence pour le nettoyer et l'adapter aux normes exigées pour ce type d'industrie. Quant au délai de réalisation, il est de 54 mois. F. B.