En dépit de la polémique, qui a sévi sur les réseaux sociaux notamment, les Béjaouis ont fini par se rendre, et en masse, à la clôture de la 17e édition du Festival de la chanson amazighe de Béjaïa, qui s'est achevée, avant-hier. Pourtant, rien ne laissait présager ce revirement de situation, puisque, les deux premiers jours, le public s'était déplacé timidement. Karim, père de famille, explique qu'en se rendant à la deuxième soirée, il a trouvé des gens, qui étaient, le moins que l'on puisse dire, hostiles. "J'ai préféré faire demi-tour et éviter de polémiquer avec eux. On m'a dit que cela s'est arrangé ? J'irai sans doute aller voir Mohamed Allaoua." On ignore si Karim s'était rendu à cette soirée, on espère que ce soit le cas, car Mohamed Allaoua, un grand show man, a assuré, comme il se doit. Le public y a été littéralement conquis. Il est vrai que l'entrée en scène d'un Ali Amran et d'un Boudjemma Agraw, toujours égaux à eux-mêmes, avait décidé une bonne partie du public béjaoui de se rendre aux soirées suivantes. Mais on était loin des anciens records. Aussi, les deux artistes ont eu à déplorer l'absence du public, qui a toujours répondu présent depuis le début de cet événement phare, lequel est organisé en été et à quelques semaines de la rentrée sociale. Plus encore, le chanteur engagé, Oulahlou, qui était persona non grata durant les précédentes éditions – de l'aveu même des organisateurs -, est l'invité de marque de cette édition. Et le public ne s'y est pas trompé ; il s'est rendu en masse à son show. L'auteur-compositeur et interprète kabyle, Karim Tizouiar, auquel un hommage a été rendu à l'occasion de cette édition, a été ému jusqu'aux larmes en ayant cette reconnaissance de ses pairs et surtout du public. La preuve, depuis qu'il a reçu les hommages, qui lui sont dus, en France et à El-Kseur l'année dernière, l'artiste a sorti un nouvel opus ; il ne doit pas tarder à être en vente. Karim Tizouiar avait fait partie du groupe Agraw avec le duo mythique, Boudjemaa-Takfarinas. S'agissant de la polémique qui a enflé sur les réseaux sociaux quelques jours avant le début du festival, elle concernait son maintien en cette période révolutionnaire alors que des personnes sont jetées en prison, mais aussi pour son coût, jugé exorbitant. Le SG du comité, Yacine Zidane, a indiqué : "On ne peut tout de même pas dire qu'Ali Amran, Agraw, Allaoua ou Oulahlou, ne soient pas solidaires du mouvement du 22-Février. Cela tombe sous le sens. Quant au budget, je vous rappelle qu'en 2018, il avait coûté quelque 5 milliards de centimes. On a dépensé un peu moins de la moitié cette année."C'est quasiment 50% de réduction. La raison ? Pour cette 17e édition, on s'est rapproché des institutions, en l'occurrence le Centre de recherche en langue et culture amazighe, l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA) et enfin l'Office vational de la culture et de l'information (ONCI).