«Annulée» puis «reportée», la 16e édition du Festival de la chanson amazighe a bel et bien eu lieu. N'en déplaise à ceux qui voulaient faire l'amalgame entre ordures et culture, le festival a été ouvert et de quelle manière! La16ème édition du Festival de la chanson amazighe a été ouverte dans la soirée de samedi à dimanche. Le coup d'envoi a été donné, hier, au stade scolaire Benalouache de Béjaïa, au centre-ville. C'est le grand Takfarinas qui a eu l'insigne honneur de le faire, sept années après son passage dans la même ville. Takfarinas est de nouveau à Béjaïa pour un passage que l'on n'est pas près d'oublier. Devant des milliers de fans, Takfarinas a su faire sortir la ville de sa léthargie le temps d'un festival que beaucoup ont tenté d'annuler au prétexte qu'il fallait donner la priorité au ramassage des ordures, oubliant sciemment que les ordures et la culture ne sont pas une affaire d'argent mais plutôt de comportements. L'ex-comité des fêtes de la ville de Béjaïa, devenu depuis peu Comité culturel de la commune de Béjaïa (Cccb) avec la participation de l'APC, de l'APW, en partenariat avec l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda), a choisi cette année le stade scolaire pour la tenue de cette édition. C'est une manifestation culturelle dédiée comme de coutume à une des figures de la chanson amazighe. Elle a été consacrée entièrement aux deux artistes de la région, en l'occurrence Boudjemaâ Agraw, l'ancien coéquipier de Takfarisnas durant les années 80 dans le fameux groupe «Agraw», et feu Abdelkader Bouhi, fils de la ville de Béjaïa, disparu, il y a quelques années. Destinée à la promotion de la culture et de la chanson amazighes, la manifestation est placée sous le slogan «La scène de la nouvelle génération». Depuis samedi soir, Béjaïa a retrouvé son sourire et ses couleurs et redore son blason d'or. Ville de culture, elle l'est d'avantage avec ce festival qui marque encore une fois la victoire de la culture contre l'obscurantisme. Cinq jours durant, soit du 11 au 15 août, cette manifestation artistique verra tout une pléiade de stars de la chanson kabyle se produire devant un public qui n'en demande pas plus, lui qui a trop enduré avec des polémiques fertiles et des débats loin d'attirer les foules. Une rupture nécessaire avant l'autre fête de l'Aïd pour terminer une saison estivale des plus médiocres. C'est parti pour des têtes d'affiche rares. Takfarinas, Mohamed Allaoua, Tagraw, Mourad Guerbas sont là pour égayer le public béjaoui et tous les estivants. Cette 16e édition du Festival de la chanson amazighe verra aussi le passage d'une pléiade d'étoiles montantes de la chanson kabyle. Celle qui a émergé lors des précédentes manifestations ou encore Alhan Oua Chabab à l'instar de Ouali Arezki, Ghilès Terki, Nawfel et qui seront là aussi pour signifier que c'est grâce à ce festival qu'ils ont pu se propulser au- devant de la scène artistique. C'est aussi pour dire merci au mouvement associatif, aux personnalités du monde de la culture qui ont lutté pour le maintien et la tenue de l'événement et contre la pression des islamistes et des observateurs pour son annulation. Préparée dans la précipitation, cette nouvelle édition sera privée de la compétition artistique et du concours de chants destiné aux talents en herbe dont les meilleurs sont récompensés à la fin de l'événement, à savoir les trois meilleurs chanteurs. Né dans la sillage de l'assassinat du chantre de la chanson kabyle Matoub Lounès, le Festival de la chanson amazighe, dont la première édition a été lancée en 1999, sera clôturé par une icône de la chanson kabyle Mohamed Allaoua au stade scolaire. L'entrée aux différentes soirées artistiques programmées sur une scène de la nouvelle génération est gratuite.