Cette démarche chapeautée par les symboles du système abhorré a été contestée par certains activistes de la région de l'Ahaggar et par les véritables leaders de la révolution populaire. Occuper illégalement une place publique pour y organiser un rassemblement ou un meeting non autorisé n'est pas une surprise pour le FLN qui a toujours bénéficié d'un traitement de faveur aux dépens des lois de la République. Mais attenter à l'autorité traditionnelle et œuvrer à la destitution de l'Amenokal en tentant de se réapproprier le titre du chef spirituel des Touareg de l'Ahaggar, là, c'en est une. Pourtant, c'est ce qui s'est passé, jeudi, à la place du 1er-Novembre de la ville de Tamanrasset en présentant au public l'ex-sénateur, Mustapha Amed, comme le nouveau rival de l'Amenokal de l'Ahaggar, Ahmed Edaber. Agissant au nom de la société civile et après avoir épuisé toutes les chances de revenir sur la scène politique, l'ex-sénateur et le doyen des députés à Tamanrasset, Mahmoud Guemmama, ont ainsi choisi une manière qui s'apparente à une démonstration de force pour participer au dialogue, non en tant que représentants de l'ex-parti unique, mais en qualité de "leaders" des tribus relevant de Taïtok et de Tamesna. La rencontre à laquelle ont pris part plusieurs personnes a été ainsi sanctionnée par une déclaration qui sonne comme une demande de participation au panel et, donc, à la commission contestée de Karim Younès. La déclaration lue à la fin de la rencontre mentionne plusieurs points déjà soulignés par le chef de l'Etat par intérim dans ses précédents discours, notamment ceux relatifs à l'installation d'une instance indépendante chargée de préparer, d'organiser et de superviser les élections et à l'organisation d'un dialogue national inclusif. Cette démarche chapeautée par les symboles du système abhorré a, toutefois, été contestée par certains activistes de la région de l'Ahaggar et par les véritables leaders de la révolution populaire qui estiment que celui qui a été une partie dans la crise politique que vit notre pays ne peut jamais être convié à trouver des solutions à cette même crise. Moussa Wankila, activiste et porte-parole de l'Amenokal de l'Ahaggar, a qualifié cette démarche de "mascarade et de mise en scène des rescapés du FLN qui tentent de se refaire une virginité politique en exploitant la carte du tribalisme et du communautarisme dans l'Ahaggar". Pour notre interlocuteur, "il est inadmissible, voire insensé, de présenter quelqu'un comme chef spirituel des tribus dont il ne fait même pas partie". Joint par téléphone, l'Amenokal de l'Ahaggar, Ahmed Edaber, revient, quant à lui, sur les déclarations faites en mars 2018 par les organisateurs de ce meeting qui, rappelons-le, pour dissuader les tribus targuies de prendre part au rassemblement décidé par leur chef spirituel, avaient publiquement renié l'existence de l'Amenokal et de l'autorité traditionnelle. "Je ne vois pas comment venir aujourd'hui apporter des déclarations contradictoires et nous parler d'un Amenokal qui est à peine soutenu par deux tribus de l'Ahaggar", peste M. Edaber.