Pas toujours évident pour des personnes qui travaillent de finir leur journée en allant manifester. Mais la question ne s'est pas posée pour les nombreux compatriotes qui se sont donné rendez-vous vendredi dernier, entre 17h et 19h, à proximité de l'ambassade d'Algérie, à Paris, afin d'exiger la libération des détenus d'opinion en Algérie. Le rassemblement organisé par la section parisienne du Réseau Algérie de la lutte contre la répression, pour la libération des détenus d'opinion et pour les libertés démocratiques, s'est tenu sur une place qui fait face à la chancellerie. Des grands panneaux comportant les portraits des détenus y ont été installés. Sur certaines photos, les dates des arrestations ont été mentionnées, dont celle du général à la retraite, Hocine Benhadid, interpellé le 12 mai dernier et qui, actuellement, est en très mauvaise santé. Une autre photo montre Yazid Kasmi, arrêté devant le siège du commissariat central à Alger, le 5 juillet dernier et qui devait se marier ce week-end. Abdelkader Bacha, Akram Ghimouz, Khireddine Benzine et Fazil Dechicha, fabricants de pin's portant les devises de la révolution populaire, dont le célèbre "Yetnahaw gaâ", figurent également sur la liste des détenus dont les portraits ont été affichés, face aux fenêtres closes de l'ambassade d'Algérie. Pour se faire entendre, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. "Pas d'élections avec la bande", "Etat civil et pas militaire", "L'Algérie libre et démocratique"… "Les ambassadeurs, c'est nous et nous devons porter haut la voix de nos compatriotes qui se battent avec courage pour leur liberté", a proclamé un homme qui a interpellé le nouveau responsable de la chancellerie parisienne, Abdellah Baâli. "Il ne vaut pas mieux que le pouvoir illégitime qui l'a nommé et pour lequel il a accepté de travailler", s'est élevé le manifestant, soutenu par la foule en colère qui a lancé : "Baâli à la poubelle." L'ancien garde des Sceaux, Tayeb Louh, actuellement incarcéré à la prison d'El-Harrach, a été également pris à partie par les manifestants pour sa responsabilité dans la mort en détention du journaliste Mohamed Tamalt en 2016. En plus d'exiger la libération des détenus d'opinion, le Réseau contre la répression demande l'ouverture d'enquêtes pour connaître les circonstances de certains décès comme celui de Tamalt et du docteur Kamal-Eddine Fekhar. Vendredi prochain, un autre rassemblement, le sixième depuis juillet, sera organisé devant l'ambassade d'Algérie. La section parisienne du Réseau contre la répression est également présente aux manifestations du dimanche sur la place de la République, à Paris, pour le changement du système en Algérie.