Le combat pacifique pour le départ du système se poursuit au Canada avec la même intensité et la même détermination. La 27e manifestation dominicale a rassemblé, dimanche, des centaines de personnes à la place du Canada à Montréal. Cette fois, c'est l'art qui a été mis en avant par les manifestants. La photographie et la peinture ont été en effet convoquées au rassemblement de Montréal pour célébrer la révolution populaire, au moment où le gouvernement, outre son illégitimité, se montre incapable d'organiser un concert de musique. Le collectif culturel issu du Forum citoyen de Montréal, qui tient ses réunions un dimanche sur deux, a organisé une exposition de photographies en plein rassemblement à la place du Canada. Les clichés ont été pris par des photographes et des manifestants lors des marches du vendredi et montrent les moments forts de l'insurrection citoyenne. L'artiste-peintre Ali Kichou a, pour sa part, réalisé une fresque sur place. Sur une toile représentant l'emblème national, les manifestants étaient invités à y poser leurs mains trempées dans un pot de peinture. Le moment a été immortalisé par des photos et des vidéos. Les portraits des détenus politiques ont été exposés au public invité à écrire une lettre aux prisonniers d'opinion individuellement. Ces activités n'ont pas empêché les manifestants de réitérer les revendications du mouvement populaire. Amplifiés par la sonorisation, les slogans qui fusaient de la foule, appelaient à un changement radical du système politique institué par la force depuis l'indépendance. "Système dégage", intime une pancarte brandie par une manifestante. "Etat civil et non militaire", réclame une autre comme pour réhabiliter un principe cardinal de la plateforme du Congrès de la Soummam : primauté du politique sur le militaire. Lors du rassemblement, le député fédéral Alexandre Boulerice du Nouveau parti démocratique (NPD), un parti d'opposition canadien, a pris la parole devant la foule pour descendre en flammes le pouvoir "militaire dictatorial" qui ne veut pas écouter le peuple algérien en lutte pour sa liberté. Les Algériens du Canada rejettent le dialogue prôné par le panel présidé par Karim Younès. "Pas de dialogue avec la bande", préconise-t-on. Pour les Algériens du Canada, le cap est maintenu pour un changement radical. Avant la fin de la manifestation ponctuée par l'interprétation de l'hymne national, les manifestants ont voté à main levée pour le maintien de leur action dominicale à la même place.