Plusieurs dizaines de citoyens de la localité d'Ouled Bellil, située à la sortie est de la ville de Bouira, ont fermé, hier, la route nationale n°5, afin d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur les innombrables carences qui affectent leur village. Ainsi, c'est en érigeant des barrages à l'aide de blocs de pierre, de troncs d'arbres et autres pneus enflammés, que ces citoyens ont exprimé leur mal vie. "Nous exigeons en priorité le gabionnage des rives de l'oued D'hous qui menace de nous engloutir à la moindre ondée", ont-ils fait savoir. "Nous nous sommes déplacés à la wilaya, mais personne ne s'est soucié de notre sort", affirme un septuagénaire dont le dossier de demande de logement remonte, selon lui, à 1987. Selon les protestataires, les services municipaux relevant de la commune de Bouira ont, à maintes reprises, été saisis, afin de procéder au gabionnage des rives de l'oued D'hous, mais en vain nous a-t-on confié. Il est vrai que l'état de ce bidonville laisse vraiment à désirer. Nids-de-poule, crevasses et autres trous béants sont le lot quotidien des citoyens. À la question de savoir pourquoi ont-elles construit sur un lit d'un oued tout en sachant les risques y afférents, les familles rencontrées ont une réponse toute trouvée : "Si on avait où aller, on n'aurait pas construit ici." D'après eux, si les pouvoirs publics, notamment les services de l'APC et ceux de la daïra, les ont laissés construire, ils devaient, selon nos interlocuteurs, gabionner les rives de l'oued D'hous et aménager leur bidonville. "Il ne fallait pas nous laisser nous installer (…) Maintenant, ils doivent nous régulariser", soutient le jeune Lyès Yahiaoui, dont le père s'est installé illicitement en 2002. En outre, les manifestants réclament un plan d'aménagement en "urgence" pour leur localité, qu'ils disent sinistrée. Il est vrai que cette dernière accuse un manque flagrant en matière d'aménagement urbain. Les routes sont toutes en piteux état, l'éclairage public est quasiment inexistant, l'insalubrité règne en maître, au point que les canalisations des eaux usées se déversent à proximité des habitations. Les citoyens en colère se disent "abandonnés" par les pouvoirs publics et dénoncent ouvertement une "négligence" de la part des services de l'APC de Bouira. "Même si notre bourg est situé à quelques encablures de la ville de Bouira, il est laissé à l'abandon ! Aucun plan d'aménagement n'y a été lancé depuis les années 1990", attestent certains habitants. Un plan d'aménagement qui devrait, selon nos interlocuteurs, être élaboré au profit de cette partie de la ville, considérée comme étant la devanture urbaine de Bouira. Les chaussées et routes menant vers Ouled Bellil nécessitent aussi une réfection et un entretien pour mettre fin au calvaire que vivent quotidiennement les citoyens. L'état délabré des routes guette aussi les transporteurs assurant la desserte vers Ouled Bellil, lesquels ne veulent plus se hasarder à aller plus loin, au risque d'endommager leurs fourgons. Les maladies à transmission hydrique menacent également les riverains du fait qu'une immense canalisation d'eaux usées se déverse au beau milieu d'un oued, lequel se situe à proximité des habitations. Malgré l'urgence que nécessite la prise en charge de cet état de fait qui dure depuis des mois, les services concernés de l'APC n'ont pas l'air de se préoccuper, outre mesure, pour trouver une solution à ce danger. RAMDANE BOURAHLA