Résumé : Kamélia est replongée dans le passé. Elle se revoit jeune et belle. Elle se rappelle de son fiancé Tewfik qui l'adorait. Il s'était noyé quelques jours avant la date de leur mariage. Sa mort avait marqué les esprits des gens du village. Lorsque sa tante voulut la prendre chez elle, ses parents s'étaient empressés d'accepter. Kamélia se rappelle qu'ils étaient même soulagés. La proposition de sa tante était tombée au bon moment. Il lui fallait un changement. Elle ne regrette pas d'être venue à Alger. Sa tante Taos l'avait encouragée à faire une formation. Elle choisit de devenir secrétaire d'administration. Grâce à une amie de sa tante, elle apprit qu'il y avait une entreprise d'import-export qui cherchait à recruter une nouvelle secrétaire, car la leur partait en retraite. Il y eut de nombreuses postulantes, mais au final c'est elle qui avait décroché le poste. Kamélia ignore si elle avait réussi à l'entretien oral ou si le coup de pouce avait joué en sa faveur. Ce dont elle est certaine, c'est qu'elle faisait bien son travail et que son responsable en était très satisfait. "Repose en paix ! Ma chère tante, on peut dire que tu m'as sauvée !", dit Kamélia en regardant son portrait accroché au mur. Il y a une année qu'elle les avait quittés pour un monde meilleur. La jeune femme a hérité du studio où elle vit aujourd'hui encore. Elle se rappelle non sans un pincement au cœur que sa tante savait combien les propos peuvent blesser. "Si elles sont superstitieuses, c'est leur problème. Cela ne doit pas t'empêcher d'avancer dans la vie et de réaliser tes rêves. Il était écrit que ton fiancé mourrait jeune et avant son mariage. Mais la vie continue pour toi !" Aujourd'hui, en réceptionnant le colis contenant son portrait, le passé a défilé devant elle, la bouleversant au plus haut point. Elle avait quitté le village à la mort de Tewfik. Elle ne l'avait jamais oublié. Cette photo l'avait ramené à elle. Elle ne comprenait pas pourquoi on la lui a envoyée et qui est l'expéditeur du colis. Des larmes lui montent aux yeux. Quel qu'il soit, il ou elle a réussi à remuer le couteau dans la plaie. Elle a de la peine pour ses parents. Ils ont perdu un fils alors qu'ils préparaient la fête de son mariage. Même si elle ne l'a jamais aimé, elle avait ressenti beaucoup de peine à sa mort. Même en cet instant, en serrant la photo contre son cœur, elle pense à ce qu'aurait été sa vie si la mort ne s'en était pas mêlée. Toute à ses pensées, elle n'entend pas le téléphone sonner. Mais la personne insiste. Ce n'est qu'au bout du troisième appel que Kamélia s'en rend compte. Elle s'empresse d'aller décrocher. -Ma fille, quand viens-tu ?, l'interroge sa mère Fathma. Il y a si longtemps que tu n'es pas venue et tu nous manques ! La mère se tait, attendant son approbation certainement mais elle l'entend renifler. -Ma fille, qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi pleures-tu ? -Yemma, vous me manquez aussi !, dit Kamélia en essuyant ses larmes. Tu ne peux pas savoir à quel point ! -Alors qu'attends-tu pour venir ? -Je ne sais pas… Yemma, figure-toi qu'aujourd'hui, j'ai reçu un paquet ! Tu ne pourras jamais deviner ce qu'il contenait !, ajoute-t-elle d'une voix amère et douloureuse. La photo que Tewfik gardait toujours sur lui ! J'ignore qui l'a envoyée, mais si c'est une blague, elle est de mauvais goût !
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